Brabant wallon

Des séances de logopédies non-remboursées à cause d'un QI trop faible : parents et professionnels réclament des changements

La logopédie, pas remboursée pour tous les enfants

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Par Stéphanie Vandreck

C’est un rendez-vous bien instauré depuis un an et demi pour la petite Florine et sa maman. Tous les lundis après-midi, elles rendent visite à Caroline Théate, logopède, dans son cabinet d’Orp-Jauche. La fillette souffre d’un trouble du spectre autistique. Par des jeux, la logopède arrive à sa capacité à s’exprimer. "Ce n’était pas facile au début en raison de ses troubles du comportement. Elle n’avait aucun moyen de communication, elle ne parvenait pas à se faire comprendre, raconte la thérapeute. Notre but est de l’outiller, qu’elle puisse développer un langage fonctionnel pour qu’elle puisse se débrouiller à l’école ou dans d’autres endroits. On a donc mis en place une collaboration avec la maman, qui vient une demi-heure par semaine".

Un sacrifice pour certaines familles

Cette demi-heure coûte à Christelle, la maman de Florine, 30 euros chaque semaine, non remboursés. C’est donc un sacrifice financier pour la famille. "Il faut qu’elle avance, il faut qu’elle évolue. On se prive donc", témoigne-t-elle, résignée. "J’ai deux autres enfants, il faut donc apprendre à gérer les trois".

Florine, comme de nombreux autres enfants atteints de déficience mentale, n’a en fait pas droit au remboursement de ses séances de logopédie, pour la simple raison que son quotient intellectuel est inférieur à 86.

Parfois, on se demande si, pour des raisons économiques, on n’arrêterait pas de prendre ces enfants ou même de se former dans ce domaine

Tous les logopèdes n’acceptent d’ailleurs pas de les prendre en charge. "C’est vrai que c’est difficile de dire aux parents que leur enfant ne sera pas pris en charge car son QI n’est pas suffisant. Ce sont des enfants qui ne rentrent pas dans le quota que je dois atteindre chaque année pour obtenir des primes, explique Caroline Théate. Parfois, on se demande si, pour des raisons économiques, on n’arrêterait pas de les prendre ou même de se former dans ce domaine, pour lequel il n’y a pas beaucoup de reconnaissance". La logopède a d’ailleurs choisi de militer pour davantage de reconnaissance des troubles dont souffrent ces enfants.

Peu d’alternatives pour les familles

Elle insiste d’ailleurs sur la nécessité de cet apprentissage chez les enfants atteints de déficiences, comme l’autisme ou la trisomie 21 : "Si vous ne parvenez pas à dire ce que vous voulez, c’est plus facile de taper le copain, de lui voler sa collation ou de se rouler par terre. Et puis, le langage, c’est un important véhicule pour la suite", rappelle-t-elle. Pour cette thérapeute, la présence du parent est également indispensable pour qu’une fois à la maison, tous les acquis de la séance ne soient pas perdus.

En province de Luxembourg, il n’y a pas de centre de réadaptation ambulatoire. Une famille d’Arlon devrait donc se rendre à Namur.

Que font dès lors les familles qui ne peuvent pas se permettre financièrement d’offrir ce suivi à leurs enfants ? "On part du principe que ces enfants iront d’office dans l’enseignement spécialisé, ce qui va à l’encontre de la vision de l’école inclusive, déplore Thomas Dabeux, qui représente les familles au sein de l’asbl Inclusion. On estime aussi par ailleurs que la prise en charge logopédique sera meilleure dans les centres de réadaptation ambulatoire, alors qu’ils sont aussi très mal desservis. En province de Luxembourg, par exemple, il n’y a pas de centre. Une famille d’Arlon devrait donc se rendre à Namur. Nous réfutons ces arguments et demandons que ces enfants soient logés à la même enseigne que les autres".

L’asbl Inclusion, Unia et le Délégué général aux droits de l’enfant ont adressé une recommandation relative au remboursement des frais de logopédie par l’assurance soins de santé pour les enfants ne répondant pas aux conditions de la nomenclature en matière de quotient intellectuel à la ministre fédérale de la Santé en février 2020. Aujourd’hui, les conditions du remboursement sont toujours les mêmes : il faut que l'enfant ait un QI supérieur à 86.

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