Le sport se veut être un terrain neutre : neutre de religion, neutre d’idéaux, neutre de position géopolitique. Pour Aya Cissoko, ex-boxeuse française, les athlètes sont d’ailleurs biberonnés au mantra : “ni religion, ni politique”.
À travers son positionnement contre le conflit en Ukraine, le CIO apporte donc la preuve de ce qu’il tente de réfuter depuis tant d’années : le sport et la politique sont intimement liés. Car comment mieux contrarier un président qui place le sport au centre de sa géopolitique, que d’exclure son pays de toutes compétitions en l’empêchant d’exhiber au monde une Russie forte, combattante et puissante ?
L’article 50 de la Charte olympique, qui interdit “toute démonstration ou propagande politique, religieuse ou raciale” pendant les jeux olympiques et paralympiques, n’aurait plus aucun sens. Aya Cissoko le disait déjà en 2020, cette charte est en fait “une volonté de contrôler les corps, de contrôler le discours. Il y aurait des espaces autorisés, et juste à côté ce ne serait plus possible. […] Les luttes ont progressé parce que des sportifs et sportives ont osé transgresser les règles existantes".
On retient notamment le poing en l’air du sprinter américain Tommie Smith aux JO de 1968 et le genou à terre de Colin Kaepernick en 2016 pour protester respectivement contre la ségrégation raciale et les violences policières racistes.
On attend de nous de remporter des médailles. À partir du moment où on décide de prendre la parole et de défendre nos droits, nos propos deviennent inaudibles