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Des volontaires belges se sont battus pendant la guerre de Corée

Ce mercredi sera commémoré les 70 ans de la guerre de Corée et cette cérémonie aura lieu à Woluwé. Et ce pour rendre hommage aux vétérans belges qui ont participé à cette guerre lointaine.

 

 

Ils sont un peu plus de 3000 à être allés en Corée et une centaine y ont perdu la vie. Il s’agissait de volontaires qui ont répondu à l’appel du gouvernement belge de l’époque, conjointement avec le gouvernement. Un premier contingent embarque à Anvers pour un voyage de six semaines. Le bataillon est alors engagé aux côtés des Britanniques dans une bataille clé, celle de la rivière Imjin où le mot d’ordre était digne de Verdun : " tenez vos positions là où vous êtes ".

L’action des Belges leur vaudra la Presidential Unit Citation, une distinction américaine octroyée pour bravoure dans des conditions extrêmement difficiles. En octobre, le bataillon belge se distinguera dans une seconde bataille défensive, celle d’Hangtan Ni. Les derniers soldats belges quittèrent la Corée en 1955.

 

Qu’allaient donc faire les Belges en Corée et contre qui se battaient-ils ?

 

Ils se battaient pour "le monde libre": en clair le camp occidental face au bloc communiste.

Et si la Belgique s’est engagée en Corée, c’est parce qu’elle a répondu à l’appel des Nations unies : le 27 juin 1950, le conseil de sécurité vote, à la demande des Etats-Unis, une résolution qui invite les pays membres des Nations Unies à  " apporter toute l’aide nécessaire à la République de Corée pour repousser les assaillants ".

Qui sont-ils ces assaillants ? Dans un premier temps, ce sont les Nord-Coréens et dans un second temps, notamment dans les batailles auxquels les Belges sont confrontés, il s’agit des Chinois. Les Belges ont répondu à l’appel des Nations Unies, comme les Français les Britanniques et les Australiens ce qui donnait donc à leur action une légitimité au niveau du droit international. Mais ce mandat de l’ONU a pu avoir lieu en raison de la politique de la chaise vide qu’exerçait alors l’Union soviétique ; se rendant compte de leur erreur, les Soviétiques réintégreront bien vite le conseil de sécurité. Et n’hésiteront plus par la suite à faire usage de leur droit de veto à chaque fois que leurs intérêts seront menacés, comme les Etats-Unis le feront aussi pour protéger leurs propres intérêts.

 

Pourquoi et comment la guerre s’est déclarée ?

 

A l’époque, il s'agit déjà l'opposition entre le Nord communiste et le Sud capitaliste. Pour comprendre, la péninsule de Corée devient une colonie japonaise en 1910. Elle le restera jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.

En 1945, Russes et Américains les alliés de la seconde guerre mondiale qui n’allaient guère le rester, occupent la Corée et par facilité ils déterminent une ligne géographique, le 38e parallèle, pour se répartir les zones d’occupation. Sans imaginer que cette ligne allait devenir une frontière d’Etat, c’est toujours la même aujourd’hui entre la Corée du Nord et la Corée du Sud.

Après la guerre, contrairement à ce qui s’est passé en Allemagne, les soldats soviétiques et américains se retirent de Corée mais le régime nord-coréen développe son armée, bien supérieure à l’armée sud-coréenne. Sûr de sa force, le leader nord-coréen Kim Il Sung, le grand-père du dirigeant actuel Kim Jong Un, veut attaquer la Corée du Sud mais Staline hésite à le laisser faire… Jusqu’au 25 juin 1950 où les Nord-Coréens déclenchent une attaque massive qui prend le monde entier par surprise. Séoul tombe en 48 heures.

 

 

 

"On aura frôlé la troisième guerre mondiale"

 

Mais la guerre ne fait que commencer : elle durera trois ans et le cessez-le-feu de 1953 ramènera chacun chez lui : un régime communiste au nord du 38e parallèle et le système capitaliste au sud. Mais entretemps on aura frôlé la troisième guerre mondiale.

Parce que chaque camp a tenté de tester les capacités de l’autre. Staline laisse son allié nord-coréen envahir le Sud parce qu’il est persuadé que les Américains laisseront faire et n’interviendront pas. Pari perdu : lorsque la Corée du Sud est presque totalement envahie par le nord, l’armée américaine débarque et inverse le rapport de force. A la tête des opérations le général Mac Arthur, qui jouit d’un énorme prestige : c’est lui qui a battu les Japonais et a reçu la reddition de l’empereur du Japon.

Mais Mac Arthur est une tête brûlée et ne se contente pas de repousser les Nord-Coréens à leur frontière : il envahit le nord persuadé que l’union soviétique de Staline et la Chine de Mao n’oseront pas intervenir. Là aussi pari perdu : les Chinois interviennent en masse et repoussent les Américains. Mac Arthur voudrait alors envoyer 50 bombes atomiques sur la Chine, heureusement le président américain refusera et limogera Mac Arthur, malgré son énorme popularité. On l’oublie aujourd’hui mais en Corée on a bel et bien frôlé la troisième guerre mondiale.

En résumé, les Nord-coréens ont attaqué, les Américains ont répliqué, les Chinois les ont alors repoussés et il faudra de durs combats impliquant notamment le contingent belge pour stabiliser le front et finir par négocier le retour à la case départ. Aujourd’hui, la Corée du Sud est devenue une démocratie avec un niveau de vie élevé, contraste total avec son voisin du nord qui continue d’investir massivement dans son armée et ses missiles nucléaires. On peut dire que le 38e parallèle est aujourd’hui la dernière trace de la guerre froide même si aujourd’hui la tension dans la région n’est plus celle entre Américains et Russes mais plutôt entre Américains et Chinois…

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