Economie

Deutsche Bank : les épargnants en Belgique doivent-ils s’inquiéter ?

Le marché matinal

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Le titre de la banque allemande Deutsche Bank a fortement baissé en bourse ce vendredi 24 en mars. Une sorte de panique avec jusqu’à – 14% sur les marchés.

Cette chute survient alors que le secteur bancaire en Europe et aux États-Unis vient de vivre de fortes turbulences avec notamment la faillite de la californienne Silicon Valley Bank (SVB), puis de deux autres banques régionales américaines ainsi que le sauvetage de Credit Suisse via son rachat forcé par UBS.

Un plongeon avant de se redresser

Étant donné les difficultés de la première banque allemande, les épargnants belges, entre autres, qui ont placé leur argent doivent-ils s’inquiéter ? Est-elle le nouveau Crédit suisse des banques européennes ? "Non, pas du tout" déclare Eric Dor, directeur des études économiques et professeur à l’IESEG School of Management de Paris et Lille.

Ce spécialiste précise qu’il y a plusieurs années, la Deutsche Bank était un peu "le canard boiteux des grandes banques européennes (de la zone euro) parce qu’elle avait été très exposée à une série de déboires qui avaient affecté la planète financière. Ils avaient été au cœur de beaucoup de litiges financiers et ils avaient eu certains problèmes de rentabilité. Mais il faut reconnaître qu’ils se sont pas mal restructurés. Ils ont amélioré leur rentabilité […] et justement, depuis deux ou trois ans ils s’étaient fait oublier au profit de Credit Suisse qui, lui, a eu beaucoup de problèmes…"

Après son plongeon de vendredi, la valeur des actions Deutsche Bank s’est redressée ce lundi.

Les hypothèses pour expliquer les turbulences

Dès lors, le cas de figure de la banque allemande n’est pas le même que celui du Crédit suisse. Mais pour comprendre la tourmente dans laquelle s’est retrouvée la Deutsche Bank, il faut rappeler le contexte de la semaine dernière. Avec des cours en bourse qui baissaient pour toutes les banques et la banque allemande a été la plus affectée. Et les raisons sont multiples.

Le Credit Default Swap (CDS) augmente

Il y a tout d’abord l’augmentation de la prime d’assurance contre le défaut de paiement de la banque, le Credit Default Swap (CDS). Le prix de cette assurance reflète le degré de risque attaché à la banque. Autrement dit, ce que les investisseurs sont prêts à payer pour s’assurer face à la banque. Or, vendredi dernier, le prix de ces assurances a augmenté en flèche et représentait une possibilité de défaut jusqu’à 28%, c’est énorme. Mais, comme souvent dans les mouvements boursiers, il faut décoder la variation des prix de ces assurances.

Selon Eric Dor de nombreuses personnes se sont dit que si les acheteurs des CDS étaient prêts à payer un tel prix, c’est qu’ils savent quelque chose, qu’il y avait peut-être un problème caché. Ces personnes ont dès lors vendu les actions de la banque. "Mais il faut savoir que c’est un marché qui est extrêmement illiquide (un marché où il n’y a pas beaucoup de transactions) et que donc un gros ordre peut provoquer une très grosse variation de cours. Et c’est ce qu’il s’est passé." Pour ce spécialiste il ne faut donc pas attacher trop d’importance à une telle fluctuation.

La valeur de revente des obligations

Une autre hypothèse est également sur la table. "Celle qui concerne à peu près toutes les banques depuis ce qu’il s’est passé avec les banques américaines. On a toujours une préoccupation à l’égard du fait que mécaniquement quand les taux d’intérêt remontent, la valeur de revente des obligations que les banques ont achetées baisse sur le marché en bourse (si elles avaient l’intention de les revendre, ce qui n’est pas le cas en principe). Donc ce ne sont que des pertes latentes." Mais qui pourraient se matérialiser si comme pour la banque SVB, les retraits des clients sont si importants, ce qui les obligerait à revendre leurs actifs pour disposer de l’argent et rembourser les déposants. Et "est-ce que la Deutsche Bank est plus exposée que les autres banques ? Eh bien, non". La banque allemande ayant plutôt bien assuré son risque de hausse d’intérêts.

Une banque peut donc être affectée de façon importante par des mouvements parfois irrationnels et qui ne sont pas spécialement dictés par la réalité des faits, ce qui peut pousser les épargnants à retirer massivement leur argent et par ricochet mettre l’organisme bancaire en difficulté. Un risque connu depuis que les banques existent et pour lequel il n’y a pas beaucoup de moyens de se prémunir.

Ceci dit, rappelons qu’en Europe, depuis la crise financière de 2008, l’État garantit jusqu’à 100.000 euros les avoirs sur les comptes. Et les banques centrales peuvent aussi prêter des liquidités aux banques. Tout cela pour rassurer les épargnants.

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