Dès lors, le cas de figure de la banque allemande n’est pas le même que celui du Crédit suisse. Mais pour comprendre la tourmente dans laquelle s’est retrouvée la Deutsche Bank, il faut rappeler le contexte de la semaine dernière. Avec des cours en bourse qui baissaient pour toutes les banques et la banque allemande a été la plus affectée. Et les raisons sont multiples.
Le Credit Default Swap (CDS) augmente
Il y a tout d’abord l’augmentation de la prime d’assurance contre le défaut de paiement de la banque, le Credit Default Swap (CDS). Le prix de cette assurance reflète le degré de risque attaché à la banque. Autrement dit, ce que les investisseurs sont prêts à payer pour s’assurer face à la banque. Or, vendredi dernier, le prix de ces assurances a augmenté en flèche et représentait une possibilité de défaut jusqu’à 28%, c’est énorme. Mais, comme souvent dans les mouvements boursiers, il faut décoder la variation des prix de ces assurances.
Selon Eric Dor de nombreuses personnes se sont dit que si les acheteurs des CDS étaient prêts à payer un tel prix, c’est qu’ils savent quelque chose, qu’il y avait peut-être un problème caché. Ces personnes ont dès lors vendu les actions de la banque. "Mais il faut savoir que c’est un marché qui est extrêmement illiquide (un marché où il n’y a pas beaucoup de transactions) et que donc un gros ordre peut provoquer une très grosse variation de cours. Et c’est ce qu’il s’est passé." Pour ce spécialiste il ne faut donc pas attacher trop d’importance à une telle fluctuation.
La valeur de revente des obligations
Une autre hypothèse est également sur la table. "Celle qui concerne à peu près toutes les banques depuis ce qu’il s’est passé avec les banques américaines. On a toujours une préoccupation à l’égard du fait que mécaniquement quand les taux d’intérêt remontent, la valeur de revente des obligations que les banques ont achetées baisse sur le marché en bourse (si elles avaient l’intention de les revendre, ce qui n’est pas le cas en principe). Donc ce ne sont que des pertes latentes." Mais qui pourraient se matérialiser si comme pour la banque SVB, les retraits des clients sont si importants, ce qui les obligerait à revendre leurs actifs pour disposer de l’argent et rembourser les déposants. Et "est-ce que la Deutsche Bank est plus exposée que les autres banques ? Eh bien, non". La banque allemande ayant plutôt bien assuré son risque de hausse d’intérêts.