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Deux chauffeurs biélorusses bloqués à Welkenraedt, nouvel exemple de dumping social

De nombreux chauffeurs sont victimes de cette pratique du dumping social

© Illustration AFP

C’est un nouvel exemple de dumping social au sein des sociétés de transport. Depuis six jours, un chauffeur de camion de nationalité biélorusse, travaillant pour une société lituanienne, est bloqué dans la région de Welkenraedt. Son camion a été contrôlé par la police et de nombreuses infractions ont été relevées. Certaines de ces infractions concernent l’état du camion et pourraient mettre gravement en danger la vie du chauffeur mais aussi celle d’autres automobilistes.

" Parmi ces infractions, il y a notamment l’état de pneus. On voit les fers des pneus qui dépassent de ceux-ci tellement ils sont usés. L’étalonnement du tachygraphe n’a plus été fait depuis plus de deux ans, les chauffeurs sont censés rentrer chez eux toutes les trois ou quatre semaines, ici ce n’est pas du tout le cas. A côté de cela, les chauffeurs (un deuxième est venu s’ajouter au premier) ne sont plus payés depuis au moins deux mois ", explique Roberto Parrillo, responsable général du secteur transports routiers de la CSC Transcom. Celui-ci a rendu visite aux chauffeurs et leur a trouvé un petit hôtel proche du garage où leurs camions sont bloqués et où ils se retrouvent sans argent.

Si les camions sont actuellement bloqués, avec la marchandise transportée, c’est parce que leur propriétaire refuse de payer les amendes liées aux diverses infractions, mais également les réparations nécessaires pour que les camions puissent reprendre la route. " Ce qui se passe dans ces cas-là, c’est que la société Daf Belgique contacte son homologue dans le pays d’où proviennent les camions et dans les minutes qui suivent cet homologue donne un accord de réparation avec garantie de paiement. Ici, ils ont refusé la garantie de paiement car le propriétaire des camions est une société douteuse ", précise Roberto Parrillo.

On est vraiment face à du dumping social. Ce sont des chauffeurs qui ne travaillent qu’en Belgique, en France et aux Pays-Bas. Nous avons enquêté et le donneur d’ordre serait une très grosse multinationale qui a son siège à Vienne. Nous allons d’ailleurs l’interpeller, tout comme la société lituanienne, le parlement et la Commission européenne, ainsi que le ministre belge des Transports. Ce sont des chauffeurs qui sont payés entre 250 et 300 euros par mois, auxquels s’ajoute une indemnité en noir de 65 euros par jour de travail. Ce sont des chauffeurs qui ne viennent pas de l’Union européenne et on est face à un véritable dumping social d’état. Pour ces chauffeurs, il faut une attestation pour travailler dans l’Union européenne. Il y a actuellement en Europe 228.000 attestations de travailleurs non européens. Il y en a 70.000 rien que pour la Lituanie et 100.000 pour la Pologne. Ça donne une idée du problème ", détaille-t-il encore.

Quant aux chauffeurs bloqués près de Welkenraedt, leurs camions ne pourront pas quitter les lieux tant que les amendes n’auront pas été payées et que les réparations n’auront pas été effectuées. Ce qui ne leur donnera pas non plus une garantie de paiement de leur salaire.

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