Cette rentrée scolaire 2021 a été marquée par les suites des inondations en région liégeoise. Elle a aussi signé le retour de milliers d’écoliers dans des écoles plus ou moins importantes partout dans le pays. Nous avons eu envie de mettre l’accent sur les toutes petites structures. Et c’est à Ellezelles que nous sommes allés, dans une école pleine de couleurs, à deux pas de la place du village, où on entend le chant du coq et le piaillement des oiseaux en arrivant et où, toutes années confondues, il y a 12 élèves en primaire. Les écoliers de l’implantation primaire de la Fédération Wallonie Bruxelles ont retrouvé Madame Murielle ce 1er septembre. Et cette année, ils seront tous dans une seule classe. Une vaste pièce baignée de lumière grâce aux larges baies vitrées, comme déposée au milieu d’un petit jardin, à l’ombre d’un tilleul. "L’institutrice a pas mal de temps, on peut le dire, pour s’occuper de chaque élève quasi en individuel, raconte le directeur Damien Rubay. On note d’autres avantages à cette classe unique, ajoute-t-il, il y a une émulation par l’attrait des enfants vers les années supérieures quand ils sont progressistes, et d’autres qui sont plus en difficulté, peuvent se tourner vers les années inférieures pour certains apprentissages".
Développement de l’autonomie
Pour Madame Murielle, cette classe unique, c’est une première, mais elle l’aborde sans crainte. Dans cette école de village, tout le monde se connaît, les enfants habitent tous dans un rayon de 5 kms autour de la place. Cette proximité, presque familiale, intensifie les relations humaines et permet à chaque enfant de développer son autonomie, d'apprendre à organiser son travail. "Les grands aident les petits, il y a énormément d’avantages".
Non, l’école n’est pas fermée
Evidemment, le directeur et le personnel d’encadrement sont inquiets face à la pression qui pèse sur cette petite structure presque familiale. A ce rythme, l’école pourrait être contrainte à court terme de mettre la clé sous le paillasson. La concurrence des différents réseaux d’enseignement est rude, et depuis juin, une rumeur a même fait état de la fermeture de l’implantation de la rue des Ecoles. Il n’en est rien : le personnel était là (et bien là) en ce premier septembre, plein d’enthousiasme, et animé d’une volonté farouche de maintenir un enseignement primaire de proximité dans le centre d’Ellezelles.
Le problème de la proximité de la Flandre
Les écoles rurales souffrent de la dénatalité en général, mais elles sont souvent confrontées à l’exode massif des parents vers les villes pour des raisons professionnelles. Même s’ils rentrent le soir "à la campagne", ils préfèrent scolariser leurs enfants près de leur travail, pour des raisons pratiques. Mais ici, de surcroît, la petite école doit composer avec la proximité de la Flandre, et l’installation de nombreux néerlandophones dans le pays des collines, dans un magnifique cadre champêtre, non sans maintenir la scolarité de leurs enfants côté flamand. Malgré cela, le directeur, Damien Rubay, espère que les éclats de voix d’enfants entrecouperont le piaillement des oiseaux durant de nombreuses années encore.