Belgique

Deux nouvelles centrales nucléaires à l’avenir aux Pays-Bas et un risque nucléaire toujours présent en Belgique après 2025

Centrale nucléaire de Borssele aux Pays-Bas. Bientôt des petites soeurs?

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Par Lucie Dendooven

Si, la Belgique compte fermer toutes ses centrales nucléaires à l’horizon 2025. Il n’en va pas de même pour ses voisins, les Pays-Bas et la France.

Aux Pays-Bas, non seulement, il n’est pas question de tourner la page du nucléaire, mais la nouvelle coalition menée par le Premier ministre Mark Rutte, rassemblant les partis de centre droit CDA et VVD, les conservateurs de Christen Unie et le centre gauche de D66, a décidé de construire deux nouvelles centrales nucléaires. Au départ, il s’agissait même d’en construire au moins huit.

Une centrale néerlandaise à 20 kilomètres à vol d’oiseau de nos frontières

Un paradoxe pour un pays qui compte à peine une centrale nucléaire active, actuellement, sur son sol. Cette centrale, c’est celle de Borssele à 20 kilomètres à peine, à vol d’oiseau, de la frontière belge. Nous y avons rendez-vous avec son patron, Carlo Wolters, le CEO de EPZ (Elektriciteits Productiemaatschappij Zuid-Nederland). D’emblée, il nous explique :

" Cette centrale nucléaire qui produit 500 MW d’électricité, a été mise en service en 1973 et nos plans sont de la laisser active jusqu’en 2033. ".

 

La centrale a presque 50 ans actuellement. Elle continuera à fonctionner jusqu’à ses 60 ans, voire 80 ans car le gouvernement néerlandais envisage, très clairement, de la prolonger de 10 ans voire 20 ans encore. Ce serait le double de la durée de vie d’une centrale nucléaire belge.

Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, comme le précise Carlo Wolters : " Dans l’accord de gouvernement du nouveau cabinet, on mentionne deux nouvelles centrales nucléaires mais Nous avons une consommation d’énergie pour soixante-cinq centrales électriques. Je ne m’attends pas à ce que cela se produise, mais cela indique la quantité d’énergie utilisée par nous les Néerlandais ".

Le monde à l’envers : exit les centrales au gaz aux Pays-Bas

Et le patron de nous préciser que si les Pays-Bas sont, actuellement les champions des centrales au gaz, ce ne sera plus le cas à l’avenir.

" Aux P-B, nous utilisons énormément d’énergie fossile. 95% de nos besoins énergétiques sont fossiles. Depuis les années 50, nous avons utilisé beaucoup de gaz naturel nous voulons désormais nous en passer ".

 

C’est un secret de polichinelle. Les Pays-Bas veulent cesser leur extraction de gaz naturel parce qu’elle provoque trop d’affaissement de terrain.

C’est le monde à l’envers. Alors que le principal producteur de gaz en Europe de l’ouest investit dans le nucléaire, la Belgique, elle, veut construire des centrales aux gaz. Mais ce patron est philosophe :

 

" Cela indique qu’il n’y a pas de politique claire en Europe et je pense que c’est nécessaire. 

 

Le risque nucléaire toujours présent après le démantèlement de nos centrales nucléaires

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Pas de concertation européenne pour les choix énergétiques et encore moins pour notre sécurité nucléaire. Treize réacteurs nucléaires étrangers fonctionnent tout près de nos frontières : un à Borssele près d’Anvers, six à Gravelines, près de Duikerque, deux à Chooz près de Beauraing, quatre à Cattenom près du Luxembourg. Nous avons demandé à Jan Vandeputte, expert en Nucléaire chez Greenpeace ce qu’il pensait de toutes ces centrales nucléaires à nos frontières : " Il est évident que s’il se passe quelque chose, les frontières n’ont aucune signification. La radioactivité ne respecte pas les frontières. C’est un problème transfrontalier. Les autorités nucléaires ont une coopération mais la régulation est strictement nationale. De ce point de vue, s’il se passe quelque chose en France ou aux Pays-Bas, ce sont les autorités belges qui sont responsables pour gérer ce problème."

 

Pour mieux s’en rendre compte, cet expert nous montre des simulations réalisés par l'université de Vienne. Celle-ci a calculé les retombées radioactives en fonction des vents dominants en cas d’accident pour chacune de ces centrales. Dans le cas d’un accident majeur à Gravelines en France, les vents dominants d’ouest rabattraient le nuage radioactif sur une bonne partie de notre pays. Ce spécialiste est même formel, une grande partie de notre pays resterait inhabitable pour un bout de temps.

 

Autrement dit, une fois ses centrales nucléaires démantelées, à partir de 2025, la Belgique ne sera toujours pas à l’abri d’une catastrophe nucléaire majeure qui viendrait non pas de l’intérieur de ses frontières mais bien de l’étranger.

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