Week-end Première

Devenir écrivain : est-il si illusoire de pouvoir faire de cette passion un métier ?

Toute ma vie j'ai rêvé d'être...

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Par Olivier Marchal via

A cœur des désirs et des fantasmes des amatrices et amateurs de lecture, le métier d'écrivain se développe dans des domaines plus vastes qu’on ne le croit. Un métier qu’on explore en compagnie d’Olivier Marchal, sociologue et directeur de la Cité des Métiers de Charleroi

Si l’on entend souvent dire que les jeunes ne lisent plus, s’il est vrai que des questions se posent sur l’âge moyen d’acquisition d’un niveau de lecteur acceptable, il est également vrai que les Belges continuent d’acheter des livres, avec un secteur paradoxalement en hausse dans les livres jeunesses et les bandes dessinées. Un secteur en croissance. Générant tout de même 270 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et dans le monde : 30 milliards aux États-Unis, ou encore 11 milliards pour l’Allemagne ou le Japon.

Un secteur qui se réinvente sans cesse, sur papier évidemment, sur scène aussi, ou sur écran qui lui offre secondes ou même nouvelles vies. Un secteur qui ne serait évidemment rien sans la fonction d’écrivaine ou d’écrivain.

Passion ou Métier ?

Très vite une question se pose. Ecrivain ou écrivaine, un vrai métier ? La réponse doit être nuancée. D’abord non, parce qu’il n’existe pas à proprement parler de poste de travail d’écrivain pour lequel des études et un entretien d’embauche suffiraient. Non toujours, parce qu’on continue à être écrivain une fois mort, ce qui est rarement le cas du métier de conseiller bancaire. Enfin non, car très peu peuvent en effet en vivre.

Et pourtant, on serait tenté de dire 'oui'. Vu le nombre d’auteurs et d’autrices qu’on pourrait regrouper comme suit :

  • Celles et ceux qui en vivent. Peu nombreux.
  • Celles et ceux qui survivent de leur plume, à travers le roman, très souvent, mais pas que. Et se trouvent en parallèle à écrire pour des célébrités (hommes et femmes politiques, stars ou sportifs et sportives (les fameux ghostwriters). Ou bien proposent leurs services en tant que conseillers littéraires ou pour l'animation d’ateliers d’écriture. Pratique très à la mode dans le monde anglo-saxon et en Belgique, mais encore tabou en France où l’écriture est encore ancrée dans l’imaginaire collectif comme le fruit du génie solitaire.
  • Ces auteurs et autrices qui ont un autre métier et qui sont parvenus à un moment de leur vie, à faire publier un manuscrit. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, c’est en réalité la condition la plus répandue dans le monde du livre. Pour preuve ? Louis-Ferdinand Céline était docteur ; Saint Exupéry était aviateur, Mary Higgins Clark, hôtesse de l’air, et Kafka travaillait dans les assurances.

Des écrivains plus présents qu’on ne le croit

Moyennant de s’éloigner un peu de l’image d’Épinal de l’écrivain de fiction romanesque, on s’aperçoit qu’ils et elles sont partout dans la culture. De la littérature jeunesse à la poésie, en passant par les contes pour adultes ou enfants, le théâtre, la chanson et jusque dans les discours de certains politiques. Et ce n’est pas tout. Car ils et elles œuvrent également au travers du cinéma, des séries, des domaines de l’image animée ou des jeux vidéo. Véritables maitres de l’écriture et la narration. On les appelle : scénariste, dialoguiste, ou encore showrunner.

Ailleurs aussi, loin des librairies feutrées et au cœur des enjeux de l’écrit comme liant social :

  • Des écrivains privés, en charge d’écrire à la demande d’un particulier, ses mémoires, ses souvenirs.
  • Des écrivains publics, qui accompagnent les personnes fragilisées socialement, dans la rédaction des nombreux courriers administratifs et sociaux. Pour rappel 10% des Belges sont en déficit d’écriture et de lecture.
© Karl Tapales / Getty Images

Devenir écrivain est donc possible ?

S’il existe des études de Littérature à l’université, dotée d’options Ecriture, Fiction ou Monde de l’édition, cela ne mène pas mécaniquement jusqu’au Goncourt. Quant à devenir écrivain, ce qui étonne c’est le nombre de personne qui déclarent, dans les sondages, avoir pensé écrire : 70%. 20% ayant même déjà passé le cap, et 4 % été jusqu’à envoyer un manuscrit à un éditeur. Des chiffres saisissants qui montrent bien la fascination comme la place que tient l’écriture dans la vie de nombreuses personnes. Des milliers de candidats et peu d’élus.

Quelques pistes cependant qui viennent d’une analyse sociologique des primo-romanciers et romancières :

  • Ce n’est pas un métier de vieux. La moitié de ces personnes ayant moins de 40 ans et l’autre plus.
  • Le succès est (très rarement) au rendez-vous la première fois, avec une moyenne de 3.000 exemplaires vendus.
  • Souvent, les nouveaux romanciers n’ont de neuf que le nom. 60% ayant déjà publiés avant (Nouvelles, Poésies, Articles, Essais).
  • 70% proviennent de 4 secteurs : Enseignement, Culture, Edition et Communication.

Avoir l'audace de se lancer

De nombreux parcours des primo-romanciers et romancières font aussi écho de celles et ceux qui n’ayant pas hérité d’un bon carnet d’adresse, d’un réseau, d’un nom qui porte, racontent y être allé au culot, au forcing, en ne craignant ni le ridicule, ni l’échec. De quoi confirmer que pour devenir auteur ou autrice, l’adage qui convient est qui ne tente rien n’a rien.

Si ce secteur vous intéresse, renseignez-vous auprès de vos Cités des Métiers de Bruxelles, Charleroi, Liège et Namur. Ainsi que les Carrefours des Métiers de Huy, Nivelles, Marche en Famene, Verviers, Arlons, La louvière, Mons, Tournai et Mouscron, là eux aussi pour vous aider et vous conseiller, au plus près de vos possibilités. Et si vous préférez le digital ? C’est facile avec Miti : la plateforme d’information et d’orientation en ligne de la Wallonie et de Bruxelles.

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