Voile

Devenue maman, Clarisse Crémer est évincée de la course au Vendée Globe : le bad buzz qui pourrait changer les choses

© AFP or licensors

C’est le "bad buzz" de ce début de mois dans le milieu du sport français : Clarisse Crémer évincée de la course au Vendée Globe 2024 par Banque Populaire à la suite de sa récente maternité.

La navigatrice française de 33 ans est devenue maman d’une petite fille en novembre dernier. Et cet heureux événement semble, pour certains, incompatible avec l’objectif de la navigatrice de participer à son deuxième Vendée Globe l’an prochain. Si les torts semblent partagés entre l’organisation qui a érigé des règles bien trop rigides et trop peu adaptées à ce genre de situations et le sponsor, incapable de soutenir sa navigatrice jusqu’au bout, le monde du sport s’est indigné. Et des rumeurs évoquent désormais une volte-face possible de la part de Banque Populaire. Une fois n’est pas coutume, même si cela s’est heureusement déjà produit, les réactions sur les réseaux sociaux et la "mobilisation" du monde du sport pourraient bien pousser l’entreprise à changer d’avis pour éviter d’écorner trop son image de marque.

La réaction atterrée de Clarisse Crémer sur les réseaux sociaux

"J’ai donné naissance en novembre 2022 à une petite fille. Alors que rien ne m’y obligeait, j’avais informé mon sponsor Banque Populaire dès février 2021 de mon projet d’enfant. Ils m’ont tout de même choisie pour ce nouveau Vendée Globe et ont communiqué sur notre engagement mutuel à l’automne 2021.
J’ai appris vendredi dernier que Banque Populaire avait finalement décidé de me remplacer. Par leur décision, et malgré ma volonté constante, je ne serai pas au départ du Vendée Globe 2024.
Les règles du Vendée Globe pour l’édition 2024 imposent à tous les skippers une concurrence basée sur le nombre de milles parcourus en course. Sur ce critère, j’ai bien sûr pris du retard face aux autres concurrents au départ, cette maternité m’ayant empêchée d’être présente sur les courses qualificatives pendant un an.
Aujourd’hui Banque Populaire décide que cela représente pour eux un " risque " qu’ils ne souhaitent finalement pas courir.

Je suis sous le choc, d’autres projets lancés bien plus récemment continuent pourtant sans sourciller. Il restait 2 saisons complètes et 4 transatlantiques pour revenir au niveau, j’étais à fond pour finir ma rééducation au plus vite.
Mais pour Banque Populaire ce serait " laisser le destin choisir à leur place ", alors qu’ils " se doivent " d’être au départ du Vendée Globe. Ils sont prêts à assumer le risque d’un trimaran géant, et tous les aléas naturels, techniques et humains liés à la course au large, mais visiblement pas celui de la maternité.

Si la course au large existe aujourd’hui c’est parce que des sponsors la choisissent comme levier de communication et s’en servent pour raconter de belles histoires sportives et donc, a priori, humaines. Je suis dans l’incompréhension totale face à l’histoire que ce sponsor fait le choix de raconter aujourd’hui : " Le Vendée Globe, à tout prix. "

L’organisation du Vendée Globe se contente par ailleurs d’être "désolée pour moi" mais "ne peut rien faire". C’est pourtant elle qui écrit les règles. Rappelons qu’il y a 4 ans j’aurais été sélectionnée automatiquement car finisseuse de l’édition précédente.

Au 21e siècle, à qui veut-on faire croire que de telles règles seraient équitables ? On a beau jeu de déplorer, ensuite, le faible nombre de femmes sur les lignes de départ."

Le monde de la voile et celui du sport s’indignent

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Sous ce post de Clarisse Crémer, les soutiens affluent. Tous les grands noms de la voile réagissent, scandalisés par cette décision, tout comme la population en général. Et pas seulement sous ce post, les réactions ont pullulé depuis quelques jours. Pour Clarisse, mais pour toutes les autres mamans aussi. Dans le milieu du sport mais pas que. Cette décision ne passe pas, ne passe plus. La cause féminine avance, et ce qui semblait normal il y a quelques décennies, indigne aujourd’hui. Et si cette "mobilisation" venait à aboutir à une "réhabilitation" de Clarisse Crémer par Banque Populaire, que celle-ci acceptait la volte-face de "son" équipe, cela pourrait passer l’envie à d’autres de prendre des décisions aussi contestables.

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