Diables Rouges

Diables Rouges, l'ouverture de Pierre Deprez : vous ne gagnez rien, on ne vous aime plus !

Diables Rouges : L'ouverture de Pierre Deprez

© RTBF.be / Belga

Les deux défaites des Diables Rouges en finale de la Nations League, respectivement contre la France puis face à l'Italie, semblent avoir fait plus mal que l’élimination en Coupe du Monde 2018 et celle à l’Euro 2021.

Doutes (dans l’opinion publique, les médias, et probablement chez plusieurs joueurs), critiques (parfois vives, à l’encontre de Roberto Martinez mais aussi des Diables après les défaites contre la Suisse et la France), résignation (chez les supporters en tout cas, peut-être chez quelques cadres aussi), et une certaine forme de désamour ont grandi. 

Justifiées ?

C'est l'histoire du verre aux 3/4 plein qu'on voit à moitié vide

Bien sûr le bilan nous laisse sur notre faim, bien sûr tant les Diables Rouges que leur sélectionneur Roberto Martinez ont commis des erreurs dans certaines situations et bien sûr ce statut de numéro 1 mondial durant 3 ans et cette étiquette de "génération dorée" nous poussaient à espérer des titres.

Face à cette vague d'amertume, l'idée n'est pas de se faire l'avocat des Diables ni celui de Roberto Martinez. Le propos n'est pas là du tout. Mais de considérer que loin d'être à moitié vide, le verre est aux 3/4 plein, voire plus.

Et ce qui suit n'est qu'un point de vue, le mien.

Nations League 2021,  le gardien belge Thibaut Courtois encaisse un but face à l'Italien Federico Ciesa
Nations League 2021, le gardien belge Thibaut Courtois encaisse un but face à l'Italien Federico Ciesa © Tous droits réservés

De cette génération dorée, on ne retiendra que ce qu’elle n’a pas gagné

Et quand c’est Philippe Albert qui le martèle, ça fait mal. "On n’accroche pas un seul trophée alors que durant 10 ans on aura eu dans notre équipe 3 des meilleurs joueurs du monde : Eden Hazard, Kevin De Bruyne et Thibaut Courtois. (Romelu Lukaku ce n’est que depuis 2-3 ans, et Vincent Kompany était retraité pour l’Euro et la Nations League 2021). C’est normal de considérer ce bilan comme une forme d’échec. Même si à côté de cela, ils ont apporté beaucoup de (bonnes) choses".

Les Diables ne méritent pas ce désamour, les faits parlent pour eux, en voici cinq

Les Diables Dries Mertens et Axel Witsel célèbrent la médaille de bronze à la Coupe du Monde 2018
Les Diables Dries Mertens et Axel Witsel célèbrent la médaille de bronze à la Coupe du Monde 2018 © Tous droits réservés

1. Cinq qualifications consécutives (de 2014 à 2022) pour les deux tournois majeurs (Coupe du monde + Euro), c’est une première dans l’histoire du football belge. Jadis (de 1982 à 2002) la Belgique a participé à 6 CM d’affilée, mais était absente aux Euro 88, 92 et 96.

2. Elle est la seule nation européenne qui a atteint les 1/4 de finale (voire mieux) quatre fois consécutivement, de 2014 à 2021.

3. Les générations belges précédentes ont fait moins bien que celle-ci. En CM, à l’exception de la 1/2 finale de 86, la Belgique a soit manqué sa qualification (8 fois sur 21 possibles), soit été sortie au 1er tour ou en 1/8. Et à l’Euro, à l’exception (notoire !) de la demie de 72 et de la finale de 80, il y a soit des absences (10 sur 16 éditions) soit des éliminations au 1er tour.

4. Le classement FIFA est édifiant. Et même s’il ne veut pas "tout dire", il dit "quelque chose", de significatif et positif.

Entre 2004 et 2011, les Diables ont tourné entre la 41e et la 66e place mondiale. A partir de 2014, l’actuelle génération a propulsé notre pays dans le top 5 mondial. Et cette petite Belgique occupe la première place depuis plus de trois ans. Ce qui ne signifie pas tout, mais pas rien non plus ! Toutes les autres nations nous l’envient, les plus jalouses nous en moquent.

5. La médaille de bronze de 2018 est historique et unique, la meilleure performance avant cela étant une 4e place (1986 : finale de consolation perdue 4-2 contre la France).

La Belgique célèbre sa médaille de bronze à la Coupe du Monde 2018
La Belgique célèbre sa médaille de bronze à la Coupe du Monde 2018 © Tous droits réservés

Bleus, Azzuri, Oranje, Roja, Mannschaft : la comparaison est intéressante

C’est une lecture particulière de la réalité, elle est un peu subjective, mais aussi très révélatrice.

Sur les dernières années, pendant qu’un pays de 11 millions d’habitants accrochait 4 participations consécutives à un tournoi majeur et y décrochait trois 1/4 et une 1/2, voici ce que les 5 grandes nations européennes manquaient : 

FRANCE (67 millions d’habitants)

CM 2010 : élimination au 1er tour.

Euro 2021 : élimination en 1/8e.

ALLEMAGNE (83 millions)

CM 2018 : 1er tour

Euro 2021 : 1/8e

ITALIE (60 millions)

CM 2014 : 1er tour (comme en 2010)

CM 2018 : non-qualifiée

ESPAGNE (47 millions)

CM 2014 : 1er tour

Euro 2016 : 1/8e

CM 2018 : 1/8e

ANGLETERRE (67 millions)

CM 2010 : 1/8e

CM 2014 : 1er tour

Euro 2016 : 1/8e

Et si on compare avec deux nations aux populations comparables en nombre à la nôtre :

PAYS-BAS :

2012 : 1er tour

2016 + 2018 : non-qualifiés

2021 : 1/8e

PORTUGAL :

2014 : 1er tour

2018 : 1/8e

2021 : 1/8e

C'est vrai qu'à côté de ces échecs, certains ont connu le sacre : Espagne (Euro 2012), Allemagne (CM 2014), Portugal (Euro 2016), France (Finale Euro 2016 + CM 2018 + Nations League 2021), Italie (Finale Euro 2012 + Euro 2021), Angleterre (Finale Euro 2021).

Le sélectionneur de la Belgique Roberto Martinez lors de la phase finale de Ligue des Nations 2021
Le sélectionneur de la Belgique Roberto Martinez lors de la phase finale de Ligue des Nations 2021 © Tous droits réservés Belga Image

L’héritage des Diables se résumera-t-il à une (plus haute) marche sur le podium ?

Dans les années 70, les Pays-Bas ont profité du rayonnement d’une génération exceptionnelle….qui n’a rien gagné non plus, en termes de trophée. Johann Cruyff, Robbie Rensenbrink, Johan Neeskens, Johnny Rep, Ruud Krol, Arie Haan, Willem Van Hanegem, Wim Suurbier,…ont "perdu" deux finales de CM (74 +78). Mais les Néerlandais les ont ovationnés à leur retour et ont considéré ces deux médailles d'argent à leur juste valeur.

On ne gagnera pas de trophée mais on a gagné le respect"

Parole de sage (et d’amoureux du foot), c’est Fred Waseige qui monte au créneau : "Il faut commencer à prendre conscience qu’on ne gagnera pas de trophée avec cette équipe. Mais on a gagné tellement plus : on a gagné l’amour et le respect du monde footballistique. On a gagné de rentrer dans les rêves des enfants. Les enfants quand ils dorment, ils rêvent d’actions à la belge, pas des Français champions du monde en 2018".

Si nous critiquons nos Diables actuels, allons-nous huer leurs successeurs ?

Kevin De Bruyne, Diable rouge, lors de la défaite contre l'Italie en finale de consolation de la Ligue des Nations 2021
Kevin De Bruyne, Diable rouge, lors de la défaite contre l'Italie en finale de consolation de la Ligue des Nations 2021 © Tous droits réservés Belga Image

L’échec à l’Euro 2020 puis la déconvenue en Nations League ont meurtri les joueurs. Le sélectionneur Roberto Martinez également, auquel on semble attribuer tous les torts. On l'a même surpris de mauvaise humeur face aux journalistes, c'était la toute première fois. Mais les critiques les ont beaucoup touchés.

Kevin De Bruyne a rapidement réagi : "N’oubliez pas que nous ne sommes que la Belgique hein ? ! … Il nous manquait quand même Eden Hazard et Romelu Lukaku aujourd’hui. On doit être réaliste avec l’équipe que nous avons. L’Italie et la France ont 22 joueurs du top, nous pas. On doit être honnête. On est un petit pays".

Nous, on y croit encore. Mais vous, croyez-vous toujours en nous ?

Et face à la presse, Yannick Carrasco a exprimé tout haut l’état d’esprit (ou plutôt l’état d’âme) du vestiaire, en nous interpellant avec cette question.

A la veille d’une qualification pour le grand bal du foot mondial au Qatar fin 2022, la 5e consécutive, ce serait un comble que nos représentants, N1 au classement mondial depuis plus de 3 ans, y partent avec le poids du désamour, voire des reproches de leurs supporters. Le risque de les voir résignés, démobilisés, distants avec les médias et les fans, envisageant une retraite prématurée… serait bien réel.

Et lorsque les cadors de cette génération exceptionnelle céderont le flambeau à leurs successeurs, il ne faudrait pas qu’il leur brûle les mains.

Les doutes, les critiques, la résignation et une certaine forme de désamour semblent bien réels dans une partie de l'opinion publique belge par rapport à notre équipe nationale. Mais dans un an, elle tentera une fois de plus de porter haut nos couleurs. Ne boudons pas notre plaisir, ne considérons pas que notre pain blanc a un goût de rassis.

Un supporter des Diables rouges lors de la phase finale de Ligue des Nations 2021 en Italie
Un supporter des Diables rouges lors de la phase finale de Ligue des Nations 2021 en Italie © Tous droits réservés

Belgique - France : 07 septembre 2021 (2-3)

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Italie - Belgique : 10 octobre 2021 (2-1)

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