Diables Rouges : Thomas Vermaelen, la révérence du samourai

Thomas Vermaelen n’a que 20 ans quand René Vandereycken le sélectionne le 1er mars 2006 pour un amical au Luxembourg. Aux côtés par exemple de Peter Vanderheyden, Philippe Léonard, Gil Swerts, le jeune joueur de l’Ajax (où il a été formé) joue 62 minutes. Une prestation qui va en appeler d’autres car, à partir de la deuxième moitié de l’année 2006, il devient titulaire indiscutable pour la campagne qualificative pour l’Euro 2008. Au final,les Diables ne se qualifient pas mais Thomas Vermaelen imprime déjà sa marque.

Les Diables vivent alors une époque difficile. En ratant la Coupe du monde 2010 puis l’Euro 2012, la Belgique mange son pain noir mais Thomas fait partie de l’avenir de la sélection au même titre que Vincent Kompany. Car son pied gauche est délicieux et sa rigueur défensive de très grande qualité. Elle séduit d’ailleurs un grand club anglais : Arsenal. A Londres, Thomas va devenir un pilier. Cinq saisons en Premier League et 150 matchs. En quittant Arsenal en mai 2014 pour Barcelone, l’Anversois y trouve une consécration. Mais les blessures ne vont pas le lâcher.

Près de 4 ans d'absence

Dès son plus jeune âge, le corps de Vermaelen lui joue des tours. Grosse blessure au ligament en 2007, tendon achille en 2011, cheville en 2013 et 2014, fracture de fatigue, genou, cuisse, voute plantaire, pubalgie, quadriceps. Au total dans sa carrière le défenseur aura été absent pour blessure ou maladie 1366 jours, soit près de 4 ans.

2014. Enfin un grand tournoi. Titulaire indiscutable lors le la première partie de la campagne qualificative (2012/13), Vermaelen se blesse ensuite. La préparation pour la coupe du monde voit son retour et Marc Wilmots compte sur son expérience. Sur le banc contre l’Algérie, lors du premier match du mondial (Vertonghen lui est préféré à gauche), il reprend sa place face à la Russie. Le temps d’une petite demi-heure. Ses ischios jambiers le lâchent. Sa Coupe du monde est terminée. On ne le reverra plus en équipe nationale avant mars 2015.

Peu utilisé en club (FC Barcelone), Vermaelen n’en reste pas moins un pion essentiel aux yeux des Diables. Racé, élégant, bon relanceur, dur sur l’homme, il possède sans doute l’un des meilleurs jeu de tête au sein du noyau. C’est clair, quand Vermaelen est à 100% il doit jouer car il est l’un des meilleurs à son poste. A l’Euro de 2016, la Belgique plie dans le match d'ouverture contre l’Italie mais Vermaelen et les Diables se reprennent. L’Anversois est ensuite impérial face à l’Irlande et la Suède. Puis en 1/8e de finale, la Belgique marche sur la Hongrie. Mais à la 68e minute, Thomas prend sa deuxième jaune du tournoi. Il est suspendu pour le ¼ de finale face aux Gallois. Une suspension, liée à la blessure de Vertonghen, qui va déstabiliser toute la défense et conduire les Belges au fiasco que l’on sait.

En ajoutant le mondial 2018 et l’Euro 2021, Vermaelen aura donc connu 4 tournois majeurs. Disputant au total 4 rencontres de coupe du monde et 9 dans un Euro. Le mondial 2018, il l’aborde blessé mais Roberto Martinez a fait de Vermaelen et de Kompany (lui aussi blessé) ses deux jokers défensifs. Il les relance ensemble contre l’Angleterre, dans ce fameux 3e match du 1er tour qui compte " pour du beurre ". Thomas montera encore 7’ pour stabiliser une défense bousculée par le Brésil en ¼ de finale. Sur le banc contre la France, il remplacera Chadli blessé dans le match pour la 3e place, une fois encore face aux Anglais.  

Ses ultimes sélections il va donc les honorer au dernier Euro. Pourtant sa situation au Japon est compliquée car, de 2020 jusqu’à l’Euro de 2021, il va être bloqué en Asie par le COVID. Son club ne le libérant pas, vu les règles strictes de quarantaine qui auraient été d’application à son retour de sélection. Il manque donc 11 des 13 matchs préparant les Belges à l’Euro. Mais ses qualités font de lui un défenseur clé. Remplaçant lors des 2 premiers matchs du tournoi (Russie et Danemark), Vermaelen est aligné d’entrée face à la Finlande, le Portugal (1/8 de finale) et l’Italie (1/4 de finale).

C’est donc face aux Transalpins, dans ce quart de finale perdu, que Vermaelen aura tiré sa révérence comme Diable Rouge. Avec un total de 85 sélections (entre 2006 et 2021). Sans les multiples blessures et contretemps, nul doute que le natif de Kappellen aurait largement dépassé les 100 caps et disputé à Vertonghen le titre du joueur le plus capé. 85 sélections et 2 buts. Des buts inscrits à 10 ans d’intervalle. Le premier face à la Hongrie le 14 novembre 2009. Le second en Ecosse le 9 septembre 2019 sur un assist de Kevin De Bruyne.

Mais Thomas Vermaelen laissera bien plus que des chiffres à notre équipe nationale. L’image d’un immense professionnel qui aura, par moments, sacrifié son corps pour défendre le maillot, pour aller au feu. Discret dans la vie et face aux medias dont il s’est toujours méfié, Vermaelen ne l’était pas une fois qu’il fallait aller au combat.

En stoppant sa carrière, Vermaelen dribble un peu tous ceux qui le voyaient terminer sa carrière de joueur après le mondial au Qatar. C’était l’issue la plus probable. Mais pour cela il aurait fallu trouver un club et assurer une dernière "pige". Roberto Martinez perd donc un guerrier. Son "Verminator". Un homme, un cadre, un killer. Mais cette absence actée permettra de préparer un peu plus tôt que prévu la relève difficile. Une relève incarnée par Arthur Theate. Le gamin est un pur gaucher, comme Thomas. Il a du caractère, comme Thomas. Certes, il y a encore du chemin pour arriver à la cheville de l'un des meilleurs défenseurs du royaume, mais c'est la vie. L'amour des Diables de Thomas Vermaelen ne s’éteindra pas. Son futur rôle auprès de l’équipe nationale réjouit déjà ses anciens équipiers.