Les Jeux de Tokyo consacrent un bond de plus de dix ans en arrière pour le mouvement olympique. Car ils ne sont pas inclusifs. Or, depuis les Jeux d’hiver de Vancouver, en 2010, le Comité international olympique (CIO) demande aux pays-hôtes de prendre des initiatives promouvant, outre l’égalité hommes-femmes, l’intégration, l’acceptation et la visibilité des minorités sexuelles. L’interdiction des discriminations en raison de l’orientation sexuelle figure d’ailleurs noir sur blanc dans la Charte olympique.
Les propos homophobes pas punissables
Mais au Japon, pays très conservateur, les propos homophobes ou transphobes et les discriminations en raison de l’orientation ne sont pas punissables. Il y a peu, le parti ultra-conservateur au pouvoir a refusé que le Parlement débatte d’une loi qui aurait interdit de telles discriminations. Ce qui a mis en colère les ONG de défense des minorités. "Le Japon est à la traîne par rapport aux 80 Etats qui pénalisent ces discriminations", s’est insurgé un activiste tokyoïte. Pour qui, "en haut lieu, les LGBT nippons sont considérés comme des sous-citoyen (ne) s, que l’on peut maltraiter en toute impunité".
Ces associations ont sommé le CIO de "rappeler à l’ordre le Japon puisqu’il viole à la fois sa promesse de tenir des Jeux inclusifs et la Charte olympique". Aucune réaction à Lausanne. Où l’on ne s’est pas étendu non plus sur le fait que le pays-hôte des JO de Tokyo supposés inclusifs est le seul Etat-membre du G7 qui réserve toujours le mariage aux couples hétérosexuels.
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Ce qui pose des problèmes très concrets à des millions de LGBT. "Je vis avec mon amie depuis des années mais, si elle décède, sa famille héritera de tous ses biens. Notre couple n’étant pas reconnu, je ne pourrai pas prétendre à sa succession", témoigne une quadragénaire. "Je ne suis pas non plus autorisée à aller chercher sa fille à l’école. Comme notre famille n’existe pas au regard de la loi, on juge que je n’ai aucun lien avec sa mère, donc avec cette enfant".
Autre cas, celui de ce sexagénaire dont le compagnon est actuellement hospitalisé dans un état grave. "Je ne peux pas être à son chevet car les visites sont réservées à la famille, dont je ne fais pas partie officiellement. Je connais ses choix en termes de fin de vie mais, si son pronostic vital vient à être engagé, je n’aurai pas voix au chapitre : les médecins ne demanderont pas mon avis".