Avec trois victoires d’étapes, un coureur dans le top 10 et un maillot distinctif à l’arrivée, le Tour d’Espagne a été excellent pour les coureurs belges. Qui s’est distingué ? Qui a un peu déçu ? Tour d’horizon.
Plus grande distinction : Cian Uijtdebroeks
Il était venu pour découvrir les courses de trois semaines sans la moindre pression malgré son grand talent. Et il a réussi son examen avec brio. Sur les routes espagnoles, Cian Uijtdebroeks a prouvé qu’il avait tout d’un grand en finissant à une superbe huitième place au classement général, malgré une adversité très importante, sans doute la meilleure de tous les Grands Tours. Pourtant, les éléments n’étaient pas forcément avec lui. Victime de problèmes de selle pendant une grande partie des trois semaines, le jeune grimpeur a même pensé à l'abandon pendant la 14e étape mais sa force mentale remarquable l’a aidé à rester en course.
Juste derrière son leader, Aleksandr Vlasov, au classement général, le coureur de BORA-Hangroshe n’a jamais enlevé le sourire de son visage aux interviews, si heureux et si fier de ce qu’il a réalisé. Et ça se comprend. Devant lui, seuls Sepp Kuss et Vlasov n’avaient jamais terminé sur le podium d’un Grand Tour. "Je vais vraiment pouvoir sentir le niveau du top mondial. Je ne sais pas si je peux être à ce niveau", avait-il déclaré avant le grand départ à Barcelone. Maintenant, il sait qu’il en fait bien partie, surtout en haute montagne où sa cinquième place au sommet du Tourmalet et sa septième dans l’Angliru ont marqué les esprits. En tout cas, notre consultant Gérard Bulens voit grand pour lui : "Je pense que dans un Grand Tour qui n’est pas trop destiné au chrono mais qui est dur, avec un peu plus d’expérience et avec son audace… on a un coureur qui peut monter sur le podium."
Grande distinction : Remco Evenepoel
La Vuelta n’était pas à son programme au début de saison mais son départ du Giro après son contrôle positif au Covid a changé ses plans. Finalement venu en Espagne avec l’intention de remporter un nouveau Tour d’Espagne où la forte concurrence pouvait lui permettre de prouver qu’il faisait bien partie du gratin des coureurs visant le classement général, Evenepoel n'a pas atteint son objectif. Sa victoire lors de la première étape de montagne offrait une perspective très intéressante dans cette optique. Après la 12e étape, il se retrouvait en troisième position devant tous ses principaux concurrents. Mais tout s’est ensuite effondré de manière assez inexplicable dans l’étape terrible du Tourmalet où il a complètement craqué dans l’Aubisque, lâchant finalement 27 minutes à l’arrivée, même si une bonne partie de ce retard aurait pu être évitée sans une décision unilatérale de l’équipe d’arrêter de jouer le général, les ambitions de podium étant annihilées.
Mentalement, la pilule a été très difficile à avaler pour un coureur de ce niveau mais il a ensuite réagi en champion avec un double objectif : gagner une autre étape et ramener le maillot à pois à Madrid. Dès le lendemain de sa défaillance, il a réalisé un numéro exceptionnel pour remporter son deuxième bouquet. Dans la 18e étape, il a de nouveau levé les bras, gagnant avec plus de quatre minutes d’avance. En route, ses multiples attaques lui ont permis de sécuriser un maillot à pois alors que personne ne semblait être en mesure de l’inquiéter, même pas un peu.
Selon ses propres dires, Evenepoel a réussi sa Vuelta. Si son objectif de maillot rouge s’est avéré être un échec, ce qu’il a montré avant sa défaillance et l’impressionnant rebond qu’il a réalisé ensuite ne doit pas occulter ce qu’il s’est passé en direction du Tourmalet. Dans un scénario inhabituel pour lui de chasseur d’étapes, il a marqué de son empreinte ce Tour d’Espagne dont il restera l’un des principaux acteurs. Combatif du jour à quatre reprises, il a logiquement été élu super combatif de la Vuelta. Une récompense supplémentaire pour le faire digérer sa déception du classement général.
Distinction : Steff Cras et Lennert Van Eetvelt
Très intéressant sur les routes du Tour de France où il était encore 13e avant d’être contraint à l’abandon, Steff Cras a très bien su rebondir sur les routes de la Vuelta. Profitant de sa présence dans l’échappée de la 6e étape pour gagner du temps, Cras n’a pas eu de chance ensuite, étant victime d’une sinusite. Visant le top 10, celui qui connaît sa première saison chez TotalEnergies sera sans doute un peu déçu de passer si près, terminant à la 11e place à 2'26" de la dixième. Souvent malchanceux, Crass a fini cette Vuelta à la meilleure place jamais obtenue dans un Grand Tour, faisant mieux que sa 20e place sur la Vuelta 2021.
Véritable espoir, Lennert Van Eetvelt (Lotto-Dstny) s’est bien mis en avant sur les routes espagnoles. Huitième de la deuxième étape, il s’est glissé dans les échappées à plusieurs reprises comme dans la sixième étape terminée à la 12e place. À son aise dans les parcours difficiles, Van Eetvelt a marqué les esprits dans la 14e étape lorsqu’il a tenu face au retour du peloton pour terminer troisième d’une grosse étape de montagne vers Larra-Belagua. Dans la dernière étape difficilme, il s’est également porté à l’avant, finissant finalement quatrième après avoir été le seul à suivre le rythme de Wout Poels (Bahrain-Victorious) au moment de son accélération. Pas du tout impacté par la longueur de la course alors qu’il découvrait les Grands Tours, le natif de Tienen a montré suffisamment de choses pour être tenu à l’œil à l’avenir. "Je le vois très bien dans un Top 10 de Grand Tour, si ce n’est plus, dans le futur", expliquait notre consultant Gérard Bulens après la 20e étape.
Satisfaction : les sprinteurs
En dehors des grimpeurs, plusieurs sprinteurs se sont mis en évidence. C’est notamment le cas d’Edward Theuns (Lidl-Trek) qui a terminé dans le top 10 de quatre étapes différentes, finissant même deux fois troisième. Pour son premier Grand Tour, Milan Menten (Lotto-Dstny) a aussi été intéressant avec deux top 10 dont une quatrième place lors du premier sprint. Dries Van Gestel (TotalEnergies) découvrait également les joies des courses de trois semaines et a bien commencé par une troisième et une cinquième place au sprint.