Diversité à la RTBF : comment refléter la société dans son ensemble ?

Objectif chiffré pour le genre

À ce stade, la RTBF s’est fixée des objectifs chiffrés pour un seul critère. Celui du genre. Le nouveau contrat de gestion impose ainsi d’arriver à une égalité parfaite, 50% d’hommes et 50% de femmes, dans les émissions d’information à l’horizon 2027. Pour 2025, un quota de 45% de femmes devra déjà être atteint. A l’heure d’écrire ces lignes, on ne comptabilise toujours que 38% de femmes invitées dans les émissions d’information.

Pour les autres critères de diversité (origine, âge, profession, handicap) aucun objectif chiffré n’est prévu pour l’instant. "Pour la diversité d’origine, c’est plus compliqué à objectiver, explique Manu Delporte. Qui est Belge, qui ne l’est pas ? Qui est étranger, qui est perçu comme tel ? Ces questions démontrent que le monitoring sur le critère ethnique est plus complexe à réaliser que celui sur la parité homme/femme. Ce que l’on sait, c’est qu’actuellement nous avons à peine 8% de personnes perçues comme étrangères dans nos émissions d’info. Pour les personnes porteuses de handicap on passe même sous la barre du 1%."

C’est important pour les jeunes issus de l’immigration d’être représentés par un média national car ça leur montre qu’ils comptent dans la société.

La question de la diversité au sens large est pourtant prise très au sérieux par de nombreux journalistes de la RTBF. C’est le cas, notamment, à la rédaction de VEWS et de Tarmac. "Quand on a créé cette chaîne digitale en 2016, c’était en partie pour toucher un nouveau public : la 'génération Z', explique Thomas Duprel, chef éditorial de Tarmac. C’est une génération qui est très cosmopolite, multiculturelle et influencée par la culture du Hip-Hop. Cette culture est par essence diversifiée et à Bruxelles on retrouve cette mixité avec une jeunesse issue de la deuxième ou la troisième génération d’immigrés maghrébins, africains et aujourd’hui de l’Europe de l’Est."

Pour toucher ce public, Tarmac a décidé de lui ressembler. Thomas porte ainsi une grande attention aux profils qui composent son équipe. "Ça passe par une mixité visible. Pas pour faire de Tarmac un ghetto afro ou maghrébin, mais simplement pour représenter la société telle qu’elle est, explique Thomas. C’est important pour ces jeunes d’être représentés par un média national car ça leur montre qu’ils comptent dans la société, qu’ils ont une voix et qu’ils peuvent eux aussi s’exprimer. Sinon, ils pourraient avoir l’impression qu’ils sont effacés de la société."

Et la diversité au sein de l’entreprise ?

"J’ai été surpris en arrivant à la RTBF, en 2016, de voir que dans les couloirs je croisais une majorité de gens qui avaient le même profil, genre blanc du Brabant wallon, pour caricaturer un peu, se souvient Thomas. C’est sans doute quelque chose qu’il va falloir changer mais ça ne peut faire que du bien à la RTBF de refléter la société telle qu’elle est."

C’est d’ailleurs un des objectifs poursuivis par la RTBF car la diversité figure parmi les valeurs défendues par l’entreprise. Mais cette transformation ne se fera pas du jour au lendemain. "Chaque secteur à aujourd’hui son propre plan d’action pour diversifier les profils : à l’info, dans les thématiques et au pôle technologie, explique Cécile Gonfroid, Directrice générale des Technologies et membre du Comité d’accompagnement de la diversité à la RTBF. Actuellement, au pôle technologie, nous avons 87% d’hommes et 13% de femmes. L’enjeu est donc d’attirer plus de femmes à nous rejoindre. Pour ce faire nous organisons des portes ouvertes pour les jeunes, nous allons dans les écoles, pour expliquer nos métiers. Ce manque on va le résorber tout doucement. Car ce n’est pas parce qu’on affirme une volonté de composer nos équipes de 50% d’hommes et de 50% de femmes qu’on va trouver les candidats adéquats. Il faut aussi tenir compte des compétences. Ce qui est aussi vrai pour les autres critères de diversité."

Un travail de longue haleine, certainement. Mais qui ne pourra qu’enrichir la RTBF et son public.

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