On l’a dit : le fait qu’un certain nombre de Bruxelloises ne portent plus de sacs à main est une explication. Mais les voleurs se détournent aussi de cette petite criminalité, "parce que beaucoup de personnes qui ont un sac n’y ont plus d’argent liquide, avec les paiements par carte qui se généralisent", souligne Monique, 80 ans, rencontrée dans le nord de Bruxelles en pleine promenade avec son chien. Elle n’a jamais été victime d’un vol de sac mais "je connais des personnes qui l’ont vécu, qui ont été blessées et qui se sont retrouvées à l’hôpital. On tire sur le sac et la personne tombe vers l’avant."
Report vers le vol de chaînes en or
Reste que la médiatisation des arrachages de sac fin des années 90 et au début des années 2000, liée aux conseils de prévention ont permis de réduire drastiquement le nombre de faits. Ce qui a souvent remplacé ce délit, c’est le vol de chaînes. L’arrachage de colliers de valeur est une "valeur sûre" pour l’auteur.
"Lors d’auditions d’auteurs, on a pu constater que quand ils réalisent un arrachage de sac, ils ignorent ce qu’il y a dans le sac. Par contre, avec un arrachage de collier, ils sont sûrs qu’il y a un butin", souligne Martijn Baes, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Ouest.
Dans cette zone, qui regroupe les communes de Molenbeek-Saint-Jean, Jette, Koekelberg, Ganshoren et Berchem-Sainte-Agathe, on confirme donc une très nette baisse des statistiques liées aux arrachages de sacs.
Nous menons des opérations spécifiques
Outre le report de cette criminalité vers d’autres délits (arrachages de colliers), "on peut expliquer cette diminution grâce à trois autres éléments", enchaîne Martijn Baes, concentrant son analyse sur sa propre police.
"D’abord, notre service d’analyses compile les données semaine après semaine. Dès qu’il constate un pic pour un phénomène, nous menons des opérations spécifiques et ciblées. Ensuite, nos équipes spécialisées dans le flagrant délit qui patrouillent près des transports en commun font tout un travail pour repérer le flagrant délit. Enfin, nos partenaires comme les gardiens de la paix communaux sont des relais qui assurent une présence dissuasive et nous transmettent toute information en cas d’agissements suspects. Ils assurent un contrôle social."
1671 faits en 2000, 167 en 2020. La chute est brutale mais elle doit aussi s’expliquer par deux autres facteurs. Le premier, c’est l’année 2020 marquée par la crise sanitaire et donc une baisse de la criminalité en raison des différents confinements et couvre-feu. Il n’en demeure pas moins que 2019, année sans Covid en Belgique, n’a connu que 221 arrachages de sacs enregistrés (ayant fait l’objet d’un signalement).
Encodage
Enfin, la Police fédérale tient à préciser une modification de l’encodage des délits après 2015. "Dans la période antérieure à 2015, le comptage des faits d'"Arrachage de sac à main" était effectué sur base du code-fait "Vol de sac à main avec violences". En 2015, les codes-faits en matière de "Vol à l’arraché" ont été élargis et n’ont plus spécifié la mention "d’un sac à main"", précise Jana Verdegem, porte-parole à la Police fédérale. "À partir de ce moment-là, le comptage a été effectué sur les codes "Vol à l’arraché avec violence" en combinaison avec un objet "sac à main volé"." Ce qui a eu pour conséquence, selon la Police fédérale, d’obtenir des données plus restreintes.
De toute manière, nouvel encodage ou pas, la baisse reste spectaculaire avant et après 2015 : 1026 en 2012 et 467 en 2015 d’une part, 354 en 2016 et 221 en 2019 d’autre part. "Dans les autres années aussi, on voit une diminution dans les faits", admet la Police fédérale.