Monde

Donald Trump plus déterminé que jamais ? "Une campagne dans la lignée de celle de 2020, version stéroïdes"

© Tous droits réservés

Par Catherine Tonero

Ce jeudi, Donald Trump a tenu dans le New Hamphire son premier meeting de campagne depuis son inculpation, avec un leitmotiv : "Nous allons reconquérir la Maison blanche". C’était aussi le premier meeting de l’ancien président américain depuis que l’actuel a officiellement déclaré être candidat à sa réélection. Joe Biden, un rival dont il a torpillé le bilan, qu’il a moqué et promis d'"écraser". Décryptage, à un an et demi des prochaines élections présidentielles aux Etats-Unis, avec Emilie Van Haute, politologue à l’ULB.

Faut-il encore s’étonner de la virulence des propos de Donald Trump lors de ce dernier meeting ?

Trump tient à rester dans et continuer à faire l’actualité, c’est dans ce cadre qu’il faut voir l’organisation du meeting, mais aussi en termes de placement à l’intérieur de son parti, car il reste de nombreuses interrogations autour de ses soutiens. On a vu, après les élections des midterms, un certain nombre de personnalités républicaines qui se distanciaient de lui, l’idée est donc aussi de se replacer comme un candidat incontournable pour les prochaines présidentielles et déjà anticiper et truster le processus de nominations internes.

Comment l’investiture éventuelle de Trump divise-t-elle aujourd’hui au sein de son parti ?

C’est toute la question… L’establishment républicain, après sa première victoire, lui avait laissé champ libre, ce qui lui a permis d’une certaine manière de renforcer son ancrage au sein du parti républicain, dont la base. Et il est de plus en plus difficile, pour les autres leaders du parti, de venir contrecarrer cette personnalité, au stade où Trump a amené ce parti, en ayant aussi radicalisé une partie de sa base. On a tout de même vu d’autres personnalités émerger, notamment Ron de Santis en Floride, le champ n’est donc pas totalement libre côté républicain mais on peut donc lire ce meeting comme une tentative de reprendre le leadership.

Quelle stratégie pour ses rivaux potentiels côté républicain ?

Il ne faut pas perdre de vue la forme de traumatisme qu’il y a pu avoir lors de la première investiture de Trump au sein du parti, il est passé dans une primaire extrêmement éclatée, avec une douzaine de candidats. Il s’était distingué en jouant le candidat outsider, celui qui joue avec d’autres règles, etc. Forcément, à côté d’un grand nombre de candidats, c’est celui qui ressortait, et il y a aujourd’hui une forme de traumatisme au sein du parti, ou tout du moins un questionnement sur la façon de se positionner pour ne pas reproduire la situation de 2016 cette fois. Je pense que si d’autres candidats il y aura, ça sera plus serré, avec éventuellement un front anti-Trump, mais on n’en est pas encore là non plus…

Pour rappel, les primaires et caucus débuteront début de l’an prochain, ça veut dire que c’est d’ici le mois de novembre et décembre que les candidatures seront finalisées. Là on est dans ce qu’on appelle la "primaire invisible", on est dans le non-officiel, on s’interroge sur l’opportunité de se porter candidat ou pas, avec quels soutiens, publics et financiers, etc.

Comment expliquer que malgré son inculpation historique, Donald Trump reste aujourd’hui au-dessus de la mêlée des autres candidats et soutenu par une majorité d’électeurs républicains, d’après les derniers sondages ?

Il y a une double dynamique : une partie de l’électorat est trumpisée et voit donc dans ces affaires un acharnement de l’establishment sur leur candidat, et ça fonctionne très bien dans leur narratif. Il y a aussi une partie de l’électorat républicain qui continue à voter républicain car l’identité de parti passe au-dessus de la spécificité du candidat. Et quand on regarde de plus près, en termes de politique et de résultats à délivrer, on a un candidat qui a contribué à mettre la Cour Suprême de son côté, à faire des réformes fiscales qui leur sont favorables, etc. Finalement, il a délivré aux différents segments de son électorat. Au-delà de tout ce qu’on peut dire sur le personnage et sa façon de faire de la politique, pour des électeurs républicains, c’est de toute façon un candidat de moindre mal par rapport à l’alternative démocrate.

Qu’est-ce que cet épisode nous dit de la campagne électorale à laquelle s’attendre pour l’an prochain ?

On risque d’avoir un 2020 2.0, version stéroïdes car entre-temps, il y a eu l’assaut du Capitole et surtout des Américains qui ont d’énormes attentes et le sentiment de s’être fait voler pendant quatre ans. Ça risque de toute façon d’être tendu dans la lignée de 2020, et même plus violent encore.

Sur le même sujet : JT du 28/04/2023

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous