Toujours aux Pays-Bas, il y a un an, le 18 septembre 2019, l’avocat Derk Wiersum était abattu en pleine rue à Amsterdam. L’homme défendait un repenti et témoin clé dans un procès contre le criminel le plus recherché des Pays-Bas pour une importante affaire de drogue.
À l’époque, cette liquidation au petit matin avait suscité beaucoup de réactions. Notamment du côté des avocats anversois comme Kris Luyckx qui intervient aussi dans des dossiers liés à la drogue. Celui-ci sent la pression s’accumuler ces dernières années et le nombre de dossiers augmenter. Il n’a pas de réserve vis-à-vis de ceux-ci : "Je représente aussi des clients qui sont des repentis comme l’avocat aux Pays-Bas. Mais il y a encore une grande différence entre la scène criminelle à Amsterdam et à Anvers", souligne-t-il.
Alors peut-on espérer qu’Anvers et la Belgique seront épargnés par ces terribles démonstrations de violence ? L’anthropologue néerlandais Teun Voeten se veut rassurant. Selon lui, il y a peu de risque d’une escalade de la violence à Anvers. Pourquoi ? "À Anvers, la plupart des familles impliquées dans la drogue habitent à Deurne ou à Borgherout. Tout le monde se connaît. C’est plus difficile de tirer une balle vers un type avec qui vous étiez à une fête de mariage la semaine d’avant", commente Teun Voeten.
Ce n’est pas le cas aux Pays-Bas. Pour Teun Voeten, les trafiquants anversois sont "des crevettes" tandis que les Néerlandais sont "les gros poissons". Mais aussi et surtout, ils sont répartis dans des groupes scindés. À Rotterdam, La Haye, Utrecht, Amsterdam.
La situation va empirer
Cette différence est confirmée par Joris van der Aa. Journaliste à la Gazet Van Antwerpen, il rédige des articles sur le crime organisé depuis plus de vingt ans. Mais l’homme de terrain est moins optimiste sur l’avenir : "L’intensité des faits de violence augmente. On voit régulièrement ces incidents avec des grenades ou des fusillades. Ça augmente, je ne pense pas que ça va diminuer. Au contraire, je pense que ça va empirer et sans doute s’étendre à d’autres villes comme Gand et Bruxelles. Le trafic de drogue est très lucratif, il attire les convoitises", résume-t-il.
Que fait la police ?
Au niveau de la police judiciaire fédérale, on a bien conscience que ce qui se passe à Anvers n’est que la partie immergée de l’iceberg en termes de crime organisé. Eric Snoeck, directeur général : "Il y a Anvers, mais on peut aussi citer récemment l’enlèvement d’un mineur dans le Limbourg ou encore des règlements de compte de la mafia italienne à Liège. On a bien conscience de l’existence persistante depuis de nombreuses années d’organisations criminelles qui opèrent aussi chez nous en Belgique".
Début septembre, l’opération Nachtwacht était commandée par le bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever. L’artillerie lourde est descendue dans les rues. Objectif : lutter contre les violences liées au milieu de la drogue et ramener un sentiment de sécurité dans les quartiers.
Une initiative locale qui ne réglera pas tout. Le défi aujourd’hui est celui d’une meilleure coordination de la lutte au niveau national et international.