Economie

Droit de réparation des électroménagers : l'opportunité de lutter contre l'obsolescence et de créer de l'emploi

La question Echo

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Par Miguel Allo sur base d'une chronique de Maxime Paquay

La Commission européenne vient de déposer une proposition de directive qui "constitue le dernier élément d'une série de mesures visant à faire du droit à la réparation une réalité", selon le commissaire européen Didier Reynders. En clair, cette directive vise à obliger les fabricants de téléviseurs ou de machines à laver à intégrer la réparation de leurs produits dans leur modèle économique.

Un droit d’accès à la réparation

Dans sa chronique sur La Première, le journaliste de l'Echo, Maxime Paquay, est revenu sur cette proposition de directive et ce qu'elle pourrait changer pour les consommateurs.

"Imaginez, votre frigo tombe en panne. Outre le désagrément de devoir ingurgiter à-la-va-vite les aliments à moitié oubliés au fond du bac à légumes, vous voulez faire réparer votre réfrigérateur. Pas de bol, la garantie ne court plus, et votre vendeur préféré d’électro-ménagers vous annonce que les pièces n’existent plus, ou qu’elles ne sont pas disponibles, ou que de toute façon, faire réparer votre frigo coutera tellement cher…"

Et donc, qu'il vaut mieux en acheter un nouveau. Ce cas de figure, vaut aussi pour les téléviseurs, les lave-linges, les smartphones, etc., l’histoire se répète souvent à l’identique. Or, l’intention de cette proposition de directive européenne, déposée ce mercredi est d’instaurer pour les consommateurs européens un droit d’accès à la réparation.

Consommer durable, économie circulaire, lutte contre l’obsolescence, peu importe comment nous l'appelons, pour les entreprises concernées il s'agit d’une extension de leur responsabilité sur des biens de consommation.

Des pièces de rechange disponibles

Concrètement, après la fin de la garantie vous auriez toujours le droit de demander une réparation. Les fabricants seraient obligés de maintenir disponibles les pièces de rechange nécessaires pendant plusieurs années. De cinq à dix ans en fonction des produits. Pendant la période de la garantie, le fabricant aurait même l’obligation de réparer votre machine si ce n’est pas plus cher qu’un remplacement. Les aspirateurs, les téléviseurs, les réfrigérateurs sont concernés, mais pas encore les tablettes ni les téléphones portables. Cela pourrait être le cas d'ici quelques années.

Développer le secteur de la réparation

Si cette directive est adoptée, elle pourrait permettre au secteur de la réparation de se développer, voire de de créer de l'emploi. Un chiffre tiré d’une étude européenne révèle que si l’on réparait et reconditionnait 18 millions de smartphones en Europe (c’est beaucoup mais c’est environ 15% des 140 millions de téléphones vendus chaque année) cela demanderait 29.000 emplois.

Pour réparer en masse, il faut des effectifs et de la capacité technique. C’est tout le mérite de ce plan. Sortir de l’ombre et faire monter en puissance l’activité, le secteur de la "réparation". Et avec lui des emplois qui sans être ultra-qualifiés, sont quand même spécialisés, car on ne répare pas une télévision comme on répare une machine à laver. Et puis, des emplois qui, surtout, sont a priori assez peu automatisable, parce qu’ils doivent se faire manuellement.

De plus, il est peu probable que les fabricants engager chacun de leur côté des réparateurs. Probablement, les grandes marques vont-elles faire appel à des entreprises extérieures qui seront elles-mêmes spécialisées en réparation. Ces entreprises de petite taille, voire moyenne aujourd'hui risquent de devenir, demain, des partenaires privilégiés, voire incontournables des Miele, Samsung et autres Panasonic, de par cette obligation de réparation.

Des réparations moins chères

L’émergence de réparateurs indépendants pourrait amener de la concurrence dans un secteur encore très confidentiel et souvent artisanal. Et par la même occasion faire baisser les prix. Est-ce que cela arrivera ? Difficile à dire aujourd'hui.

Mais quand les entreprises placeront enfin la réparation de ce qu’elle vendent sur leur radar, cela changera probablement leur manière de concevoir : leur production, leur conception des produits, leur logistique, leur conseils de vente. Réparer ne sera plus un détail de bonne intention. Réparer fera partie de leur modèle économique.

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