L’université est un échantillon du monde du travail très intéressant, explique Florence Caeymax. Le nombre d’étudiantes est plus élevé que celui des étudiants. Mais la courbe change de direction à partir du niveau académique. En ce qui concerne les enseignants-chercheurs dans l’université, à Liège, 30% des femmes sont académiques, contre 70% d’hommes.
Il existe toute une différence entre la législation qui vise l’égalité des chances et l’effectivité de cette législation, souligne Véronique De Baets. Les femmes ont été reléguées pendant des dizaines et des dizaines d’années dans la sphère publique. Aujourd’hui, elles tentent d’investir la sphère publique, de prendre une place : la sphère professionnelle, les réseaux sociaux, la rue… Cela ne se passe pas sans heurts, car il y a encore toute cette manière d’éduquer les garçons et les filles.
Dans les faits, on a un arsenal législatif très intéressant mais on a toujours un écart salarial, qui, par rapport aux discriminations salariales, n’est pas trop élevé en Belgique, mais qui est très important par le fait que les femmes travaillent majoritairement à temps partiel et dans des secteurs de soins, de services, de grande distribution, très peu valorisés financièrement.
Ce temps partiel concerne près de 4 travailleuses sur 10, et s’explique par le fait qu’il n’y a pas d’autre moyen au niveau de la conciliation. C’est donc une sorte de non-choix, parce qu’il manque de solutions pour pouvoir s’organiser et travailler.
Pour une présence égalitaire des hommes et des femmes sur le marché du travail, il y a d’abord toute la question de l’accueil de la petite enfance. Il y a aussi la question de l’implication et de la place des hommes et des pères dans la sphère privée. "Le partage des tâches a progressé jusqu’au début des années 2000, mais aujourd’hui, il stagne, parce qu’on est arrivé à un niveau où, si on continue à progresser, les hommes vont devoir lâcher un petit peu de la sphère publique."
Aujourd’hui, les femmes effectuent 1h20 par jour de tâches liées au ménage et à l’éducation, donc du travail non rémunéré, là où les hommes effectuent 1h20 de travail rémunéré par jour en plus.