À Sivry-Rance, dans le Hainaut, la quasi-totalité des chênes vendus cette année par la commune partira… en Chine.
Lors de la vente publique, les prix se sont envolés. Une situation qui a surpris le bourgmestre Jean-François Gatelier : "On a été très étonnés parce que tous les lots de bois importants et les plus intéressants ont tous été achetés par des sociétés qui font de l’export vers la Chine. Les scieurs wallons présents à cette vente n’ont jamais pu remettre prix parce que les offres faites par ces sociétés étaient très élevées, plus de 30% par rapport au prix habituel."
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Et cet attrait chinois pour le bois belge n’est pas récent. L’Empire du Milieu s’intéresse depuis plusieurs années au bois européen et il vient de donner un coup de boost aux importations : "Cette année, leur intérêt est très conséquent parce que la Chine vient de décider de ne plus couper d’arbres chez eux. Et leur gouvernement subventionne les scieries chinoises pour aller acheter des arbres à l’étranger, notamment en Europe" témoigne Jean-François Gatelier.
La demande est tellement forte et les prix tellement élevés que nous ne savons pas concurrencer cela
La vente fera certes rentrer davantage d’argent dans les caisses de la commune mais le revers de la médaille est moins réjouissant puisque ce sont les artisans locaux qui vont y perdre au change. Ils ne peuvent pas concurrencer les offres chinoises et sans bois, l’activité des scieries wallonnes sera compromise.
Une crainte qu’éprouve notamment Mathieu Moraux, gérant de la scierie Saint-Joseph à Vironval : "Auparavant, les scieries pouvaient se distinguer sur certains produits de haute qualité. Là, la demande est tellement forte et les prix tellement élevés que nous ne savons pas concurrencer cela".
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Et la situation inquiète également le gouvernement wallon qui craint pour le savoir-faire de la région. Il n’est d’ailleurs pas rare de retrouver dans les magasins belges des meubles fabriqués en Chine avec… du bois wallon.
Au total, ce sont 8 millions d’euros qui sont prévus dans le cadre du plan de relance pour soutenir la filière : "On travaille à la fois en amont sur les forêts pour les rendre plus résilientes face au changement climatique et nous avons, en aval, des projets avec le ministre wallon de l’économie Willy Borsu pour ramener ces outils de production chez nous" a précisé la ministre wallonne de l’environnement Céline Tellier.