Santé physique

Du "bon son" plutôt que du "gros son", un enjeu clé contre les troubles auditifs

Du "bon son" plutôt que du "gros son", un enjeu clé contre les troubles auditifs.

© Delmaine Donson

Radio, musique, podcasts, jeux vidéos, visioconférences... : l'environnement sonore auquel sont confrontées chaque jour nos oreilles est-il toujours de bonne qualité ?  Chercheurs et experts appellent à rechercher le "bon son" plutôt que le "gros son" pour limiter les troubles auditifs.

Du son "compressé" partout et tout le temps !

"Nous sommes dans une civilisation où on a rempli l'espace d'un bruit qui ne désemplit jamais", ce qui n'est pas sans conséquence sur la santé auditive, explique Christian Hugonnet, ingénieur acousticien et président fondateur de l'association la Semaine du son qui milite pour sensibiliser la société à l'importance de l'environnement sonore.

Aux bruits ambiants du quotidien s'ajoutent une multitude d'autres sons (musique, télévision, radio, podcasts, jeux vidéos, conversations téléphoniques ou encore visioconférences dans la sphère professionnelle) captés par les oreilles et souvent amplifiés désormais par des écouteurs ou des casques audio.

Problème : "La plupart des sons enregistrés sont extrêmement densifiés de manière à être entendus au-dessus du niveau de bruit de fond de la ville", souligne M. Hugonnet.

Cette technique dite de "compression du son", popularisée notamment par le format MP3, permet notamment de mélanger des sons faibles avec des sons forts. Ce qui, à la télévision par exemple, évite de devoir monter le volume quand les acteurs chuchotent ou de le baisser lors d'une explosion.

Nos oreilles ont besoin de silence

"Cela donne l'impression que le son est bien meilleur, on n'entend plus le bruit ambiant mais surtout, on entend beaucoup plus fort ce qu'on est en train d'écouter" et "d'une disparition des micro silences" qui ponctuent le son à l'état naturel, souligne M. Hugonnet, dont l'association travaille à la création d'un label "Qualité Sonore" contre la surcompression du son.

En France, plus de sept millions de personnes reconnaissent avoir au moins une déficience auditive soit 11,2% des Français, estimait une enquête réalisée en 2014 par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees).

Si une partie des cas de surdité sont d'origine héréditaire, , explique le professeur Paul Avan, qui dirige le Centre de recherche et d'innovation en audiologie humaine, "il y a des manifestations du vieillissement auditif qui peuvent apparaître dès 30, 40 ou 50 ans. Et dans ces cas-là, le bruit est l'une des causes les plus évidentes".

"On s'aperçoit que la qualité des sons utilisés est souvent médiocre. Or le système auditif n'aime pas être sollicité constamment. Il faut retrouver du silence, même un minimum, et des sons naturels pour permettre au moins de temps en temps à notre oreille interne de se reposer", pointe ce chercheur.

Comment sensibiliser aux risques de perte auditive ?

"Notre discours peine à convaincre car il faut s'exposer longtemps pour avoir un déficit. Une personne peut donc aller en boîte de nuit, écouter de la musique à plus de 100 décibels et se porter très bien le lendemain. Mais certaines personnes découvrent qu'elles sont sourdes à 60 ans. Et c'était évitable", déplore-t-il, soulignant que "sensibiliser sur ce qu'est un 'bon son' est un travail difficile qui devrait être commencé dès l'école".

La solution consiste à réduire son exposition aux sons les plus compressés, s'informer et privilégier des supports d'écoute moins agressifs.

Sur le modèle du bio, certaines plateformes d'écoute musicale revendiquent notamment un catalogue de musiques en haute qualité.

En cas de perte sévère d'audition, le recours aux prothèses auditives reste actuellement la seule solution. "Le champ de la santé auditive est le seul du domaine médical dans lequel il n'y a pas de traitement. On ne parle pas de guérison", indique la professeure Christine Petit, directrice et fondatrice de l'Institut pour l'audition.

Une surexposition à des sons de mauvaise qualité ou de trop forte intensité peut causer des dommages irréversibles à l'oreille voire même affecter le système cérébral via une dégradation des neurones auditifs.

"Lorsqu'il y a perte d'audition à l'âge moyen, c'est un facteur de risque majeur et le principal facteur qui pourrait être corrigé de la démence et de la dépression", explique Mme Petit. En outre, "avec l'âge et la surexposition au bruit, il y a un nombre très important de personnes qui perdent l'audition et qui vont subir une rupture du lien social", met-elle en garde.

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