Coronavirus

Du porte-à-porte pour convaincre les Sud-Africains de se faire vacciner contre le coronavirus

© Valérie Hirsch

Yamkela Sidango a endossé un T-shirt orange, barré du slogan "Vaccinate, let’s do it" ( Vacciner. Faisons-le). "Je suis venu ce matin pour aider Vaxi Taxi à vacciner les gens de mon quartier", explique ce jeune de 20 ans, qui rêve de devenir policier dans son quartier à Langa, un township pauvre et violent dans la banlieue du Cap.

"Des bénévoles de Vaxi Taxi ont fait du porte-à-porte dans ma rue, pour convaincre les gens de venir se faire vacciner. Beaucoup ont peur à cause des rumeurs dans les médias sociaux qui disent qu’on peut devenir stérile et que les vaccins peuvent vous tuer. Mais j’ai fait des recherches et je sais que c’est faux".

Yamkela s’est donc porté volontaire pour accueillir la vingtaine de personnes venues recevoir leurs doses dans ….une ambulance, sur un parking du township. Des jeunes ont mis de la musique à fond, à l’autre bout du parking, bien décidés à rester à l’écart de la séance de vaccination, organisée à l’occasion de la visite au Cap de la ministre belge de la Coopération au développement, Meryame Kitir.

28% de Sud-Africains vaccinés

Seulement 28 % des Sud-Africains sont pleinement vaccinés, en majorité les plus de 50 ans. On est très loin de l’objectif du gouvernement, qui espérait inoculer deux-tiers de la population d’ici mars. Depuis octobre, de moins en moins de gens se présentent dans les centres de vaccination. "On a donc décidé de mettre la vaccination sur des roues, en reconvertissant 7 ambulances", explique Dr. Leanne Brady des Services d’urgence de la province du Cap.

Depuis novembre, on a vacciné 8000 personnes dans 132 bidonvilles et zones rurales reculées

"Beaucoup d’habitants sont très pauvres : ils n’ont même pas les moyens de payer le coût de transport jusqu’à une clinique pour se faire vacciner. On va donc jusqu’à leurs portes. Depuis novembre, on a vacciné 8000 personnes dans 132 bidonvilles et zones rurales reculées". 

Mala Khendula attends son tour devant l’ambulance. Cette femme de ménage de 38 ans a "peur mais se sent prête". Elle s’est bien habillée pour l’occasion. "Je suis séropositive, diabète et j’ai de l’hypertension, confie-t-elle. Je pensais que le vaccin allait m’affaiblir. Mais le docteur de Vaxi Taxi m’a rassurée”.

© Valérie Hirsch

Une équipe de bénévoles

Le travail de persuasion repose sur une armée de bénévoles. "Nous mobilisons les leaders qui ont la confiance des communautés locales et les ONG sur place", explique l’urgentiste Robby Page, coiffé de dreadlocks. Il a mis de la musique reggae dans l’ambulance pour détendre les gens. "Beaucoup d’hommes ont peur de l’aiguille !".

Nous, les jeunes, on ne sent pas en danger, surtout avec Omicron", explique Nicole Valentine, 29 ans. "Mais on m’a expliqué que ceux qui se retrouvent à l’hôpital sont tous des gens qui n’ont pas été vaccinés. Je ne veux pas prendre ce risque !". La jeune mère de deux enfants a reçu sa dose dans l’usine textile qui l’emploie.

"Chaque vendredi matin, on vaccine entre 60 et 80 employés, explique Marthi Raphael, la directrice de Pepco. Aujourd’hui, 52 % d’entre eux sont inoculés. C’est déjà un beau résultat".

L’entreprise emploie près de 1000 personnes. "On a eu 158 cas de Covid et 6 décès. Mais depuis octobre, seulement 2 employés ont été contaminés".

On veut éviter la vaccination obligatoire

Les usines textiles peuvent compter sur l’aide des syndicats, qui participent à l’effort de persuasion. "On veut éviter la vaccination obligatoire", souligne Xolisiwe Guwa, leader provincial du syndicat Sactawu.

Certaines entreprises et universités sud-africaines ont franchi ce pas, très controversé. Deux Sud-Africains, licenciés pour avoir refusé de se faire vacciner, ont perdu leurs recours devant des commissions d’arbitrage.

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