Avoir plusieurs vies. Vous êtes sans doute nombreux à en avoir rêvé. Thibaut Duval l’a fait. En 2000, ce Nivellois d’origine représentait la Belgique aux Jeux Olympiques de Sydney, en Australie. La tête en bas, les pieds dans les nuages. Duval était perchiste. Mais accablé par les blessures, il prend sa retraite sportive en 2005, à seulement 26 ans, et devient prof de gym. Un job qu’il cumule ensuite avec la gestion d’un centre de fitness. Avant de tout quitter pour devenir, début 2021, directeur de la Piscine " Les Dauphins ", à Mouscron. L’homme aux plusieurs vies, c’est donc bien lui !
Hurlu d’adoption par mariage, c’est avec une chaleur toute mouscronnoise qu’il nous accueille dans son bureau de ‘boss’. " Dans une piscine, il y a toujours des perches ! Comme je ne suis pas maître-nageur, je ne les utilise pas... Mais je pourrais proposer de découper mes anciennes perches pour les recycler ici ! " Le ton est donné. Thibaut Duval, petites lunettes toujours vissées sur le nez, n’a pas perdu son humour ni sa légèreté.
Au mur, des photos des bassins actuels mais aussi les plans de la future piscine. Depuis le 10 janvier, les cris des enfants qui s’amusent dans l’eau sont remplacés par les vibrations assourdissantes des marteaux-piqueurs. La piscine est en train de subir une profonde cure de jouvence. D’énormes travaux sont en cours. 12 millions d’euros sont investis ! Après une fermeture complète de six mois, les nageurs habitués de l’endroit découvriront un bassin de 50 mètres flambant neuf et des douches rénovées. Dans la foulée, une deuxième phase débutera avec la construction d’un nouveau bâtiment qui accueillera un bassin supplémentaire de 25 mètres. Fin du chantier prévue en septembre 2023.
Bref, le nouveau directeur est très occupé. Et ça tombe bien car c’est ce qu’il recherchait en changeant de métier. Descriptif de sa nouvelle fonction, plongeon dans ses souvenirs, avis de spécialiste sur les records d’Armand Duplantis… Du saut à la perche au saut dans l’eau, voici un long entretien avec Thibaut Duval.
Thibaut, puisqu’on parle de perche et de saut, comment fait-on le grand bond de la piste à la piscine, du statut de sportif à celui de directeur ?
" En fait, je me suis toujours intéressé à la gestion des infrastructures sportives, c’est un domaine qui m’a toujours inspiré. Quand j’habitais encore Nivelles et que je m’y entraînais, j’étais déjà attiré par la piscine locale. J’avais des contacts avec le directeur de l’époque Michel Goffaux. La transition s’est donc faite tout naturellement. Mais j’ai vu l’annonce assez tardivement. Il fallait envoyer sa candidature pour le 27 novembre 2020… j’ai déposé la mienne le 26 en soirée au bureau de l’I.E.G., l’Intercommunale d’Étude et de Gestion de Mouscron propriétaire du bassin de natation. "
Vous avez donc fait le choix de quitter l’enseignement alors que vous adoriez votre job de professeur d’éducation physique…
" C’est vrai que je me plaisais énormément dans l’école où je travaillais, à Irchonwelz (NDLR : dans l’entité d’Ath), un chouette établissement où on compte quinze profs de sport ! Mes élèves étaient de futurs animateurs sportifs et agents d’éducation. Oui ça a été un choix assez difficile. Mais la passion de la gestion d’un centre sportif a pris le dessus… "
Juste après ma carrière sportive, j’ai enseigné, d’abord en primaire, puis avec des élèves plus âgés. J’adorais ! Mais il y avait très peu de changements d’année en année. Je ne retrouvais pas l’aspect " on se fixe des objectifs " comme c’était le cas quand j’étais perchiste.
Pendant quelques années, vous avez également géré une salle de fitness à Tournai. C’était déjà, à l’époque, une nouvelle vie pour vous. Vous accumulez donc les " nouveaux départs " ?
(Il sourit) " C’est vrai, c’est vrai… Je retrouve d’ailleurs ici des similitudes avec ce que je faisais à Tournai. Juste après ma carrière sportive, j’ai donc enseigné, d’abord en primaire, puis avec des élèves plus âgés. J’adorais ! Mais il y avait très peu de changements d’année en année. Je ne retrouvais pas l’aspect " on se fixe des objectifs " comme c’était le cas quand j’étais perchiste. Alors que, dans la gestion d’un centre sportif, cette notion-là existe. Il faut créer une équipe, lui fixer des objectifs et tout mettre en place pour les atteindre. "
Si je caricature, cela veut-il dire qu’il y a toujours un moment où vous commencez à vous lasser ? Risquez-vous de quitter la piscine de Mouscron d’ici quelques années ?
" Non, non, non, pas du tout ! Ici, le travail est justement tellement varié que je ne m’en lasserai pas. Je peux très bien bosser un jour sur la gestion pure du personnel, faire du marketing le lendemain et du pédagogique le surlendemain. Je n’ai pas la même routine que dans l’enseignement. "
Quand vous avez quitté votre salle de sport à Tournai, vous en avez pris, permettez-moi l’expression, plein la gueule sur les réseaux sociaux. Avez-vous souffert des accusations liées à ce départ ?
" Oui, bien sûr. Tout est parti d’incompréhensions auprès de la clientèle au moment de la revente de la salle. Ce sont des choses que je n’ai pas pu maîtriser. C’était difficile à vivre car on avait construit une chouette structure avec une chouette ambiance. Les réseaux sociaux sont parfois injustes. Mais j’ai tourné la page, je suis apaisé. "