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Durant la COP26, le monde de l'art s'empare de la cause environnementale

Clarion, l'ours polaire de l'artiste Bamber Hawes

© Andrew Fusek Peters

Ça ne saute pas forcément aux yeux, mais l'art pollue. Entre les expositions blockbuster et les déplacements d'œuvres par avion, le monde de l'art est pointé du doigt pour son impact écologique considérable. Si une prise de conscience commence à s'opérer depuis plusieurs années, elle prend une ampleur particulière durant la COP26.

The Pollution Pods de l' artiste Michael Pinsky sont installés à Glasgow durant la COP26
The Pollution Pods de l' artiste Michael Pinsky sont installés à Glasgow durant la COP26 © glasgowwestend

L'effet Covid-19

Les périodes de confinement ont subitement mis tout l'écosystème du monde de l'art à l'arrêt. Les foires et les galeries se sont tournées vers les OVR, Online Viewing Rooms, pour atteindre leur public. Et en définitive, c'est un public bien plus large et plus jeune qui s'est intéressé à l'art. Cette réalité a réveillé les consciences. L'empreinte carbone est devenue une véritable préoccupation pour les artistes et les professionnels du milieu. Beaucoup d'entre eux décident de se saisir de cette question à l'occasion de la 26e conférence mondiale sur le climat (COP26), qui se tient jusqu'au 12 novembre à Glasgow. 

Olafur Eliason et la lampe solaire Little Sun
Olafur Eliason et la lampe solaire Little Sun © littlesun

Olafur Eliasson en première ligne

C'est le cas de l'artiste islando-danois Olafur Eliasson qui a fondé Little Sun en 2012, une organisation à but non lucratif qui agit pour fournir une énergie propre abordable en Afrique et inspirer les gens à agir pour le climat à l'échelle mondiale. Selon Art Newspaper, il présentera prochainement un film avec le militant écologique sud-africain Kumi Naidoo sur la façon dont les mondes de l'art et de l'activisme peuvent œuvrer ensemble pour enrayer la crise climatique. "Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est d'un regard neuf sur les vieux problèmes - des problèmes que notre génération n'a pas été en mesure d'aborder avec l'intensité et l'urgence nécessaires", a déclaré Naidoo à la revue spécialisée. 

L'artiste new-yorkaise Mary Ellen Carroll a installé une œuvre monumentale en néon sur le toit d'un bâtiment du centre-ville. Intitulée Indestructible Language, l'installation consiste en la phrase suivante : "It Is Green Thinks Nature Even In The Dark". Les derniers mots de la phrase, "in the dark", "interroge la décision du spectateur de choisir de s'engager ou d'ignorer le problème" déclare l'artiste à Art Newspaper.

Indestructible language, Mary Ellen Carroll
Indestructible language, Mary Ellen Carroll © Dougie Lindsay

Éveil tardif

Si le cinéma ou la musique se montrent sensibles à la cause écologique depuis des décennies, les arts plastiques s'y sont beaucoup moins intéressés. Quelques oeuvres comme "7000 Eichen" de Joseph Beuys témoignent d'une prise de conscience dans les années 70 et 80. Le plasticien a profité de son ultime participation à la Documenta de Cassel en 1982 pour proposer de planter 7.000 chênes dans les environs de la ville allemande. Un projet de reboisement forestier à long terme destiné à remédier aux ravages de l'urbanisation à outrance. 

Depuis, le monde de l'art s'implique de plus en plus dans la préservation de l'environnement. L'association Art of Change 21 en a même fait sa mission, et  promeut depuis six ans le lien entre l'art contemporain et les grands enjeux liés au changement climatique. Elle a récemment lancé le programme le ART-CLIMATE-COP26 pour souligner "la nécessité d'inclure des acteurs créatifs et imaginatifs et [permettre] une réponse émotionnelle aux problèmes [environnementaux]", selon Alice Audouin, présidente et fondatrice d'Art for Change 21. A cette occasion, John Gerrard diffusera les 5 et 6 novembre prochains l'une de ses dernières créations, "Flare (Oceania)", sur la façade sud de l'université de Glasgow. Une œuvre monumentale, qui prend la suite de son célèbre "Western Flag" installé à Madrid lors de la COP25, et s'interroge sur la menace que représente le réchauffement climatique pour les océans.

Le "Western Flag" de John Gerrard  devant le musée Thyssen-Bornemisza lors de la COP25 à Madrid en 2019
Le "Western Flag" de John Gerrard devant le musée Thyssen-Bornemisza lors de la COP25 à Madrid en 2019 © ROBERTO RUIZ

L'odyssée écologique de l'ours Clarion

Promouvoir la force du collectif dans la lutte contre le dérèglement climatique était également au cœur de l'ambitieux projet "Clarion the Bear" de Bamber Hawes. L'artiste britannique a entrepris un pèlerinage du comté anglais de Shropshire jusqu'à Glasgow en compagnie de Clarion, un ours polaire de trois mètres de haut fait de bambou, de saule et de couches de papier de soie. Ils sont arrivés à destination le 2 novembre si l'on en croit le compte Instagram de "Clarion the Bear". Le but de cette odyssée ? "Nous réunir pour marcher, parler, nous connecter les uns aux autres et nous connecter au paysage en le traversant lentement", déclare Bamber Hawes en ligne. Et d'ajouter : "Marcher jusqu'à la conférence mondiale sur le climat ne changera pas le monde- mais je ne vois rien de mieux à faire pour montrer le sérieux de ma conviction que nous devons apprendre à parler ensemble et à construire une communauté, ce n'est que dans l'Unité que nous créerons un monde meilleur et plus juste".

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