Lettre de Beyrouth fait partie de sa fresque sous forme de trilogie avec Beyrouth jamais plus et Beyrouth, ma ville. Dans ses films, Jocelyne Saab a fait résonner les mots de Etel Adnan, l’immense artiste visuelle et poétesse libanaise, âgée aujourd’hui de 95 ans. Il n’y a pas à dire, les deux femmes ont marqué le paysage culturel libanais.
"Le présent s’expliquant souvent par le passé, revenir en arrière peut nous aider à projeter des futurs. C’est pour cela que l’on commence par ce film attachant dont l’étonnante actualité est interpellante", éclaire Nedjma Hadj Benchelabi. Pour elle, il est essentiel de montrer les liens entre les artistes de cette première génération comme Etel Adnan et Jocelyn Saab, et les artistes contemporain·es du monde arabe. "Elles font partie de la construction d’une avant-garde par des femmes artistes puissantes. Il n’y a pas de tabula rasa, il y a un lien entre cette génération qui a ouvert les portes et cette génération de jeunes artistes qu’on célèbre aujourd’hui dans l’art contemporain."
Écouter et partager les idées
Samedi, après la projection, des écrivain·es et penseurs et penseuses libanais·es dialogueront de l'avenir et de la richesse de leur culture avec leurs homologues belges et français·es.
La première conversation modérée par la journaliste Safia Kessas est placée sous l’angle politique avec Elias Khoury, grand écrivain de Beyrouth, et le politologue Ziad Majed. S’en suivra une rencontre littéraire animée par Leila Shahid, présidente d’honneur de la Chaire Mahmoud Darwich qui réunira deux jeunes autrices libanaises : Dima Abdallah et Katia Al Tawil.
"Dima Abdallah a écrit un magnifique livre ‘Mauvaises herbes’ qui parle de la guerre civile et de la poésie qu’il y a entre un père et sa fille, Katia Al Tawil est une jeune écrivaine arabophone. Cette rencontre sera l’occasion de poser la question de la langue avec laquelle on s’adresse aux différents publics et à soi-même."
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La discussion suivante évoquera Beyrouth à travers la cuisine. Autour de la table, l’éditeur et auteur Farouk Mardam ainsi que Ryoko Sekiguchi, qui a chroniqué la capitale libanaise où elle a résidé. Pour clôturer la soirée, deux slameuses feront raisonner les murs des Bozar. Dima Matta, une poétesse de Beyrouth, et Samira Saleh, poétesse vivant en Belgique présenteront une partie de leurs œuvres. Toujours dans cette idée de sororité intergénérationnelle, elles liront également un extrait d’une conversation entre Jocelyne Saab et Etel Adnan.
Enfin, le weekend se terminera dimanche avec la projection du film Sous le ciel d'Alice de Chloé Mazlo. Une œuvre qui confronte la vision idyllique et orientaliste de Beyrouth à la dure réalité.
Les échos solidaires de ce festival résonnent au-delà de la Méditerranée. "Les artistes que j’ai contacté·es sont touché·es. Katia Al Tawil me disait ‘je suis tellement contente que ça se passe à Bruxelles, qu’on pense à nous’. Elle a d’ailleurs écrit une annonce dans le quotidien libanais El Nahar. C’est un événement qui reste modeste, mais la sincérité du propos est là. En tant que curatrice, mes outils sont l’art, les mots, les images, la danse. Les artistes ont besoin de soutien, aucun·e artiste ne peut indéfiniment continuer à travailler dans la misère, ni au Liban ni ailleurs."
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