Un sablier, un tableau vert, des crayons de couleur, des bancs en bois. Des enfants qui jouent, tapent, racontent ou font la sieste. Et à leurs côtés, deux femmes leur parlent, les accompagnent, les questionnent. Les images qui ouvrent le documentaire ‘Eclaireuses’ de Lydie Wisshaupt-Claudel évoquent d’emblée la scolarité.
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Pourtant il ne sera pas question ici d’examens, de punitions ou de contrôles. Ici, ce n’est pas encore l’école, pas vraiment, pas tout à fait. C’est un espace qui y ressemble, pour y préparer, pour en appréhender les codes. Mais aussi et surtout pour se (re) trouver. Car "pour (ap) prendre, il faut d’abord être en mesure de pouvoir le faire", comme l’explique le dossier pédagogique qui accompagne le film.
Regarder autrement, c’est aussi un geste politique
Juliette et Marie sont les fondatrices de la Petite École, un espace pédagogique et thérapeutique de préscolarisation. Unique en son genre, il accueille, en groupe réduit, des enfants entre 6 et 16 ans qui n’ont jamais été scolarisés. Souvent, ils sont issus de l’exil, et ne savent ni lire ni écrire.
Du lundi au jeudi, durant toute l’année scolaire, cet espace situé dans les Marolles, au cœur de Bruxelles, offre un temps d’adaptation et de résilience, entre l’exil et la scolarisation qui les attend. On apprend à "jouer à l’école", à en décoder le fonctionnement, à structurer et ritualiser les différentes étapes de la journée. On dessine, on cuisine, on apprend à manier la terre, le bois, ou la musique, ou à raconter sa journée en Français.
"Ici, on ose prendre le temps", développe Marie Pierrard, cofondatrice de cette initiative pédagogique et citoyenne. "Le temps de regarder autrement les mondes qui s’entremêlent, et chercher des points de rencontre possibles, qui ne sont pas évidents, d’autant plus quand l’école ne va pas de soi. On vit dans une époque où tout va très vite. Prendre le temps amène un autre regard." Le regard et le temps : deux notions au centre du projet, qui portent aussi une (double) force politique. "Regarder autrement, c’est aussi un geste politique."