Degas a fait de l’opéra "le point central de ses travaux", sa chambre à lui pendant toute sa carrière, depuis ses débuts dans les années 1860 jusqu’à ses œuvres ultimes au-delà de 1900. Il en explore les différents espaces, salle, scène, loges, foyer, salles de danse et il s’attache à celles et ceux qui les peuplent, les danseuses, les chanteurs, les musiciens de l’orchestre, les spectateurs, les abonnés en habits noirs qui hantent les coulisses…
Degas avait un lien passionné avec l’opéra et il a puisé dans les infinies ressources de cette merveilleuse boîte à outils pour nourrir son inspiration.
Une enfance baignée par la musique
Edgar Degas a grandi dans une atmosphère musicale. Son père, Auguste, tenait un salon tous les lundis et il était fréquenté par les musiciens de l’orchestre de l’opéra et également des chanteurs. Et plus tard, c’est d’abord la musique qui attire Degas à l’opéra. Il commence par représenter les musiciens de l’orchestre. Les danseuses n’apparaissent qu’au second plan avant de devenir le sujet central de ses œuvres.
Degas décrit le monde de la salle, il fait glisser le regard vers la fosse d’orchestre et aussi vers ce que l’on voit au-delà de la rampe, c’est-à-dire le monde des danseuses, qu’il représente d’abord de façon fragmentaire. Degas représente différentes facettes d’un monde clos où la lumière sculpte les corps et où il décide de voir ce que jusqu’alors on ne représente pas : les jeux entre les protagonistes dans le public, leur lien avec l’orchestre, avec le monde de la scène puis de la coulisse, ce qui conduit à la question des danseuses, de leur parcours, voire de leurs mœurs.
Degas est un mélomane passionné. Il cultive des liens d’amitié avec plusieurs membres de l’orchestre, comme le contrebassiste Achille Gouffé, le bassoniste Désiré Dihau, cousin de Toulouse-Lautrec, ou le violoncelliste Louis Pilet.