L’édition est souvent pointée du doigt pour son manque de diversité. Mais ce secteur s’est fortement féminisé ces dernières décennies. Pour preuve, la plupart des livres publiés en 2021 ont été écrits par des femmes, selon une récente étude américaine.
L’étude en question a été réalisée par Joel Waldfogel pour le National Bureau of Economic Research. L’économiste a comparé les proportions d’ouvrages publiés par des hommes et par des femmes depuis les années 1970. À l’époque, les écrivaines publiaient trois fois moins de livres que leurs homologues masculins.
Cette tendance s’est largement inversée ces cinq dernières décennies. Davantage de livres ont été publiés par des femmes que par des hommes en 2020. Une grande première historique, selon Joel Waldfogel. "Alors que la participation des femmes à la production de la propriété intellectuelle est généralement inférieure à celle des hommes, le dernier demi-siècle a été marqué par une révolution dans la création de livres plus inclusifs en termes de genre", a-t-il écrit dans son article.
Cette féminisation du monde du livre n’est pas due à une baisse du nombre d’auteurs publiés, mais bel et bien à un intérêt plus marqué pour les livres écrits par des femmes. Ces derniers se sont même vendus, en moyenne, à plus d’exemplaires que ceux écrits par des hommes en 2021. Dana Weinberg et Adam Kapelner, deux chercheurs du Queens College à New York, ont précédemment constaté cet engouement des lecteurs pour les récits faisant entendre de nouvelles voix, surtout quand celles-ci sont féminines.
Mais cet intérêt est souvent porté… par des femmes. En effet, Mary Ann Sieghart explique dans son livre The Authority Gap (Doubleday, 2021) que la gent masculine rechigne encore à s’ouvrir à la littérature féminine. La journaliste britannique a constaté que, si les femmes sont enclines à lire des livres écrits par un auteur du sexe opposé, les hommes sont, eux, moins disposés à faire de même. Parmi les dix écrivaines les plus vendues (dont Jane Austen, Danielle Steel et Jojo Moyes), seuls 19% de leur lectorat sont des hommes, contre 81% de femmes. Cette asymétrie est bien moins marquée pour leurs homologues masculins, avec 55% de lecteurs masculins et 45% de femmes pour les dix auteurs les plus vendus.