Egypte : quand le gouvernement fait la promotion (en chanson) de sa nouvelle prison "à l’américaine"

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"Une chance pour la vie" : c’est ce que promet le ministère de l’Intérieur égyptien pour les futurs détenus du centre de Correction et de Réhabilitation de Wadi al-Natrun, situé au nord-ouest du Caire, qui a ouvert fin octobre.

C’est aussi le titre de la chanson qui accompagne cette vaste campagne de communication pour une prison "à l’américaine", construite en seulement dix mois et censée répondre aux accusations des organisations internationales de défense des droits humains.

Selon le gouvernement d’Abdel Fattah al-Sissi, l’ouverture de ce complexe géant permettra la fermeture de 12 prisons dans le pays, soit un quart de sa capacité pénitentiaire.

Il faut dire que le clip vidéo de la chanson, interprétée par Mai Farouk et Medhat Saleh, deux stars égyptiennes, fait rêver : on y voit des détenus apprendre à fabriquer des panneaux solaires, assister à des offices religieux, faire du sport, rire, lire à la bibliothèque, …

Une image d’Epinal qui a fait rire jaune les internautes. "En Egypte, vous verrez des miracles", pointe l’un d’eux sur Twitter, comparant en images la bibliothèque spacieuse de la prison et une salle de classe bondée.

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"Ce n’est pas un progrès", accuse un autre, "c’est un scandale, dans un pays où les écoles n’ont pas de bureaux, les hôpitaux n’ont pas de lits et les prisonniers politiques sont éliminés dans les prisons les plus sordides."

A l’inverse, l’avocat et défenseur des droits humains Negad El-Borai trouve l’initiative positive : "Si Sissi veut améliorer les conditions des prisonniers, ce sera une bonne chose", explique-t-il au site The New Arab. "Si les prisons égyptiennes ressemblent à celles des films hollywoodiens, ce sera très bien aussi."


►►► À lire aussi : Les conditions de détention en Egypte mettent la vie des détenus en danger selon Amnesty


Certains internautes ironisent en disant qu’au vu des conditions idylliques de détention dans cette nouvelle prison, de nombreux Egyptiens vont tenter de s’y faire interner.

"Le gouvernement espère-t-il que les téléspectateurs se précipitent sur leur téléphone pour réserver une chambre dans ce havre de paix ?", se questionne l’auteur égyptien Ahmed Naji dans le journal al-Modon, cité par Courrier International, rappelant que tout ceci intervient "au moment même où le régime bannit la diffusion de photos prises dans les écoles".

Selon lui, le régime d’Abdel Fattah al-Sissi cherche, maladroitement, à redorer son image aux yeux du monde, et particulièrement ceux des Etats-Unis, leur fournisseur d’armes. Si Donald Trump disait de Sissi qu’il était "son dictateur préféré", les relations sont plus compliquées avec Joe Biden… et pourtant les Etats-Unis préféreraient éviter que l’Egypte se tourne vers son rival, la Russie.

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