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Election présidentielle en France : ça marche comment les dépenses de campagne ?

© Getty images/ Fotor

Par Johanna Bouquet via

Au soir du premier tour, dès sa prise de parole, Yannick Jadot, le candidat écologiste de l’élection présidentielle en France a appelé aux dons : "l’écologie a besoin dès ce soir de votre soutien financier pour poursuivre ses indispensables combats", a-t-il déclaré. Le site d’appel aux dons était déjà prêt, au cas où les écologistes ne franchissaient pas la barre des 5%, comme l’explique Checknews de Libération.

Et dès le lendemain, c’est du côté des Républicains qu’on en appelle au soutien des sympathisants. "Un appel national", a dit Valérie Pecresse, la candidate qui s’est crashée à 4,8% au premier tour se disant endettée personnellement à hauteur de 5 millions d’euros.

Oui, l’argent c’est souvent le nerf de la guerre. Et pour mener une campagne de l’argent il en faut. A titre d’exemple, la campagne des écologistes, selon leurs dépenses publiées sur leur site, c’est plus de 6 millions d’euros, indique à nouveau Libération. C’est, semble-t-il, la campagne la plus chère du parti, selon BFM. Selon Julien Bayou, porte-parole du parti, il faut trouver 2 millions d’euros d’ici la fin du mois de mai.

Du côté de Valérie Pécresse, sa campagne aurait coûté entre 14 et 15 millions d’euros. Il lui manquerait 7 millions d’euros dont 5 millions engagés personnellement pour pouvoir rembourser, selon BFM. Le fait est, rappelle RTL, que le parti des LR avait déjà une dette de 17 millions d’euros, donc il ne pouvait pas emprunter. C’est pourquoi Valérie Pecresse a contracté un emprunt en son nom.

Sur les réseaux sociaux, depuis lundi dernier, on ne compte plus les réactions et les memes autour de cet appel aux dons. D’autant que la candidate LR était celle dont le patrimoine personnel était le plus important avec plus de 10 millions d’euros.


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Sur 12 candidats au premier tour de l’élection présidentielle française, ils sont 8 à ne pas avoir atteint les 5% nécessaires pour espérer un remboursement.

Mais les dépenses de campagne, en France, ça marche comment ?

1. Qui peut prétendre à quel remboursement ?

Pour les candidats en dessous de la barre des 5% des votes exprimés – comme c’est le cas pour Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan, Philippe Poutou, Nathalie Artaud et Fabien Roussel – les remboursements ne peuvent aller "que" jusqu’à 4,75% du plafond de dépenses du premier tour, soit un remboursement maximal d’environ 800.000 euros.

Pour celles et ceux qui dépassent la barre des 5% des voix exprimées au premier tour, le remboursement peut aller jusqu’à 47,5% du plafond des dépenses autorisées au premier tour soit environ 8 millions d’euros.

Pour les candidats et candidates en lice pour le second tour, le remboursement des frais de campagne peut aller jusqu’à environ 10,7 millions d’euros.

"Dans tous les cas, ces remboursements ne peuvent pas être plus importants que les dépenses déclarées par les candidats", précise le site de vie-publique.fr.

2. Il y a des plafonds à ne pas dépasser

Autre règle et pas des moindres, les dépenses d’une campagne sont limitées. On ne peut pas dépasser un certain plafond.

Au premier tour de l’élection, les candidats et candidates ne peuvent pas dépasser un plafond fixé à 16,851 millions d’euros par personne. Dans ce cas, par exemple, chez Valérie Pecresse dont les dépenses pour sa campagne sont estimées entre 14 et 15 millions d’euros, on n’est pas loin du plafond autorisé.

Au deuxième tour, ici pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les plafonds sont fixés à 22,509 millions d’euros.

Pour Emmanuel Macron, difficile d’avoir des informations concernant les dépenses engagées. Pour Marine Le Pen, on sait qu’elle a contracté un prêt auprès d’une banque hongroise pour un montant d’environ 10,7 millions d’euros, tout juste dans le cadre du plafond de remboursement dans la configuration du deuxième tour.

Pour chaque candidat, les comptes de campagne doivent être à jour et doivent être remis à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) au plus tard dans deux mois. C’est cette commission qui va analyser s’il n’y a aucune anomalie ou fraude. En début de parcours, les candidats doivent désigner un mandataire financier chargé de tenir les comptes.

Comme l’explique France info, les plafonds sont fixés par décret et celles et ceux qui les dépassent devront rembourser leur excès au Trésor public. Toujours selon France info, les frais de campagne ont commencé à être comptabilisés dès le 1er juillet 2021. Sauf pour Emmanuel Macron qui n’est entré en campagne qu’à compter du 4 mars.

3. D’où peut venir l’argent ?

Là aussi il y a des règles.

D’abord, via la règle des remboursements de frais de campagne il faut comprendre que c’est l’Etat (et donc le contribuable) qui, en partie et dans les limites fixées, assume, les dépenses liées à la campagne présidentielle. D’ailleurs, avant même la partie des remboursements, une avance d’environ 200.000 euros est versée à chaque candidat.

Ensuite, sur la question de la provenance des fonds, les règles se sont quelque peu durcies. Les fonds venus de personnes étrangères ne sont pas autorisés. De plus, seules les banques européennes peuvent prêter de l’argent. C’est une des raisons pour lesquelles, si par le passé, Marine Le Pen a pu emprunter de l’argent à des banques russes, elle a dû cette fois-ci se tourner vers MKB, une banque hongroise. De plus, les avantages en nature et les dons des entreprises sont désormais interdits.

Enfin, les financements privés proviennent à la fois des partis politiques, via les cotisations que payent les adhérents aux partis notamment, et également des dons de personnes privées. Mais là aussi, il y a des limites : les dons privés sont limités à 4600 euros par personne.

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