Élections communales : quand la Flandre copie la Wallonie

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Cet été, le gouvernement flamand a modifié en profondeur les règles du jeu pour les élections communales de 2024. Comme en Wallonie, ce sera le candidat qui récolte le plus de voix au sein de la future coalition qui deviendra automatiquement bourgmestre. Quelles seront les conséquences de ce changement ?

Il reste encore trois ans avant les prochaines élections communales du 13 octobre 2024. Et pourtant, les élections communales font déjà parler d’elles, notamment à Gand : les ténors de l’Open VLD, de Vooruit et du CD&V ne nient pas que les discussions vont bon train pour former une liste commune lors des élections locales de 2024

Pourquoi parle-t-on déjà de coalition alors que les bourgmestres sont seulement à leur mi-mandat ? L’une des raisons est sans doute le décret visant à " renforcer et moderniser les démocraties locales ", adopté le 16 juillet 2021. Ce décret rédigé par le ministre flamand libéral Bart Somers change grandement les règles pour les prochaines élections communales.

Parmi les réformes, citons par exemple la suppression de l’obligation de vote et un assouplissement des règles pour changer de coalition. Mais, pour le cas gantois, on s’intéresse surtout à la fonction de bourgmestre. Cette fois-ci, c’est la Flandre qui copie la Wallonie : le candidat qui récolte le plus de voix au sein de la future coalition deviendra automatiquement bourgmestre.

À première vue, cette réforme a tout d’un pas dans la bonne direction : la personnalité politique la plus populaire du plus grand parti de la majorité sera, dans trois ans, presque automatiquement bourgmestre. Qui peut s’opposer à une telle règle ? ", commente le politicologue Marc Hooghe dans une opinion parue dans De Standaard et traduite par DaarDaar.

Objectif rempli ?

Le professeur à la KULeuven regrette néanmoins que les autorités flamandes n’aient pas vu le revers de la médaille : " S’il faut être le leader du plus grand parti pour devenir bourgmestre, il faut surtout s’assurer de devenir le plus grand parti. De ce fait, dans la grande majorité des communes wallonnes, le plus grand parti est une " liste locale ", constituée de plusieurs partis et dirigée par celui ou celle qui deviendra bourgmestre. En d’autres termes, le but est de s’assurer de devenir suffisamment tôt "le plus grand" ". Autrement dit, les bourgmestres en place vont donc tenter de former des cartels pour s’assurer leur place.

L’un des objectifs de ce nouveau décret était de supprimer les accords pré-électoraux entre partis. Mais, si les partis s’associent sur une liste commune, l’objectif initial est-il encore rempli ?

Herwig Reynaert, politicologue à l’université de Gand, explique à la VRT que l'électeur ne doit pas se sentir berné : "Par le passé, les accords pré-électoraux étaient conclus en coulisses. Aujourd'hui, si les partis précisent leurs partenaires de coalition préférés s'ils n'obtiennent pas eux-mêmes la majorité, l'électeur sait immédiatement de quoi il retourne. Le nouveau décret apporte ainsi de la clarté."

Une chose est sûre pour le professeur en sciences politiques : “Ce qui se passe actuellement à Gand se reproduira sans aucun doute dans d’autres communes."

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