Les Thaïlandais ont infligé une sévère défaite aux militaires au pouvoir depuis presque une décennie lors des élections législatives, qui ont propulsé en tête les deux partis d’opposition pro-démocratie, prêts à négocier pour former une coalition gouvernementale.
Le parti Move Forward ("Aller de l’avant"), dont le discours progressiste fait écho aux manifestations massives de 2020 qui réclamaient une refonte en profondeur de la monarchie, est bien lancé pour devenir la principale force au prochain parlement. Mais, de la réforme de la loi sévère sur le crime de lèse-majesté à la fin de la conscription obligatoire, son programme jugé radical peut créer de nouvelles tensions avec l’élite militaro-royaliste.
Dans un royaume où les interventions de l’armée et de la justice ont souvent perturbé le processus démocratique, les observateurs craignent un scénario qui limiterait l’alternance attendue, au profit des militaires. Des millions d’électeurs se sont rendus aux urnes pour un scrutin marqué par le rejet du Premier ministre sortant Prayut Chan-O-Cha, arrivé au pouvoir après un coup d’État en 2014, puis légitimé en 2019 par des élections controversées.