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Élections en Turquie : dernier jour de vote pour les Turcs de l’étranger, à cinq jours des scrutins

Turquie : la campagne se durcit à une semaine d élections-clés

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Par AFP, édité par Grégoire Ryckmans

A Paris, Berlin ou Copenhague, les Turcs de l’étranger votent encore jusqu’à mardi soir, avant que la Turquie ne se rende aux urnes dimanche pour des élections présidentielles et législatives menaçantes pour le président Recep Tayyip Erdogan. En Belgique, les bureaux de vote dédiés aux ressortissants turcs ont fermé ce dimanche 7 mai.

Au pouvoir depuis vingt ans, le chef de l’Etat turc affronte pour la première fois une alliance de six formations de l’opposition, emmenée par le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu.

Le président Erdogan, qui s’est allié à des formations ultra-nationaliste et islamistes, doit en outre composer avec une crise économique qui a entamé sa popularité.

Selon les données du Haut comité électoral turc (YSK), 51% des 3,4 millions d’électeurs inscrits à l’étranger avaient voté lundi soir, une participation en légère hausse par rapport à 2018.

Il y a cinq ans, les Turcs de l’étranger, qui représentent 5% environ des 64,1 millions d’électeurs turcs, avaient voté dès le premier tour à près de 60% pour Recep Tayyip Erdogan, contre 52,6% de l’ensemble des Turcs.

Ce chiffre avait atteint 63,7% en France, 64,8% en Allemagne, 73% aux Pays-Bas et 74,9% en Belgique, les quatre pays abritant le plus grand nombre d’électeurs turcs. Les bureaux de vote, qui avaient ouvert le 27 avril dans soixante-treize pays, ont déjà fermé dans plusieurs pays dont les États-Unis et le Canada, d’où d’immenses sacs blancs scellés remplis de bulletins de vote ont commencé à être acheminés par avion vers la Turquie.

Les Turcs vivant en Belgique ont voté pour les élections présidentielles et législatives du 14 mai prochain au Brussels Expo, à Bruxelles.
Les Turcs vivant en Belgique ont voté pour les élections présidentielles et législatives du 14 mai prochain au Brussels Expo, à Bruxelles. © Tous droits réservés

Une campagne tendue, en Europe aussi

Devant les bureaux de vote de plusieurs capitales européennes, de longues files se sont formées ces deux dernières semaines, au moment où la campagne électorale s’accélérait en Turquie.

"Je suis ici parce que la situation en Turquie est terrible", confiait à l’AFP Kutay Yilmaz, 29 ans, le jour de l’ouverture des bureaux de vote à Berlin. "Je veux retourner un jour (en Turquie). C’est pour cela que je suis venu voter. Je veux que le dirigeant change", expliquait-il.

Des incidents sont survenus dans plusieurs villes européennes, reflet des profondes divisions qui traversent la société turque.

Des rixes ont éclaté le 2 mai autour d’un bureau de vote à Marseille (France) entre partisans et opposants au président Erdogan, faisant au moins quatre blessés.

Lundi, la police néerlandaise a annoncé avoir dispersé une "énorme" bagarre ayant impliqué quelque "300 personnes" dans un bureau de vote d’Amsterdam (Pays-Bas), au cours de laquelle au moins deux personnes ont été blessées.

Restez calmes


La veille, le maire CHP d’Istanbul Ekrem Imamoglu, une des figures de l’opposition turque, avait été la cible de jets de pierres à Erzurum, dans le nord-est de la Turquie, suscitant des craintes sur la possible multiplication d’incidents à l’approche du double scrutin.

M. Kiliçdaroglu a appelé lundi soir à l’apaisement : "S’il vous plaît, s’il vous plaît, restez calmes. Nous allons aux élections, pas à la guerre", a lancé le candidat de l’opposition sur la chaîne de télévision privée NTV.

Les sondages, interdits depuis le 4 mai, prédisent un scrutin serré, la plupart donnant Kemal Kiliçdaroglu en position de l’emporter au second tour.

Décidé à conserver son pouvoir, le président Erdogan, qui a tenu un meeting dimanche à Istanbul devant plusieurs centaines de milliers de partisans, a annoncé mardi une nouvelle hausse des salaires de 45% pour 700.000 salariés du secteur public turc, alors que l’inflation sur douze mois s’élève à près de 44%, selon les derniers chiffres pour avril.

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