Le ministre écologiste de l’agriculture, Cem Ozdemir, originaire de Turquie, s’en est ainsi pris au comportement électoral des Turcs en Allemagne, qui "font la fête sans avoir à répondre des conséquences de leur choix", au contraire de nombreux Turcs dans leur pays qui doivent affronter "pauvreté et absence de liberté". "Je trouve les images de cortèges de voitures extrêmement perturbantes", a renchéri l’élue conservatrice Serap Güler, elle aussi d’origine turque. Recep Tayyip Erdogan a, certes, attiré une nette majorité de suffrages parmi les Turcs de Belgique (72,31% des voix au premier tour), France (64,2%), des Pays-Bas (68,4%) ou encore du Danemark, mais l’Allemagne compte la plus grande communauté turque ou d’origine turque résidant à l’étranger, soit près de trois millions de personnes. L’élection turque n’y a donc pas le même impact. Pourquoi des centaines de milliers de Turcs, vivant parfois depuis des générations en Allemagne, une démocratie libérale, ont-ils choisi d’accorder un nouveau mandat à Erdogan, qui a restreint massivement les droits de la population et persécute les dissidents ? Il y a plusieurs explications à ce comportement électoral, estime Caner Aver, du centre d’études turques d’Essen.