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Elections législatives à Chypre-Nord sur fond de crise économique

Des hommes à la terrasse d’un café à côté d’affiches électorales pour les législatives, le 20 janvier 2022 à Nicosie, dans la partie de la République turque de Chypre-Nord (RTCN).

© Birol BEBEK

Quelque 204.000 électeurs sont appelés aux urnes dimanche pour des législatives anticipées dans la République turque de Chypre-Nord (RTCN).

La chute de la livre turque, qui a vu sa valeur fondre de 44% face au dollar en 2021, s’est traduite dans la république autoproclamée sous perfusion turque par une spectaculaire flambée des prix, l’inflation ayant dépassé 46% sur un an en décembre.

Les Chypriotes-turcs doivent élire 50 députés dans six circonscriptions au scrutin proportionnel.

"La campagne électorale n’a pas suscité autant d’énergie et d’enthousiasme que lors des précédentes élections à Chypre-Nord, les citoyens étant surtout préoccupés par leur santé, leur sécurité et leurs conditions de vie", ont jugé les politologues Ahmet Sözen et Devrim Sahin dans une note publiée par le groupe de réflexion italien ISPI.

Lors de la présidentielle de 2020 en RTCN remportée de peu par le nationaliste Ersin Tatar, proche allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, face au sortant Mustafa Akinci, partisan d’une réunification de l’île sous la forme d’un Etat fédéral, M. Erdogan avait été accusé d’ingérence.

Pour le scrutin de dimanche, "la Turquie n’aura pas besoin de jouer un rôle actif pour changer le cours de cette élection", jugent les deux politologues.

"Rien ne changera"

Selon des sondages, le Parti de l’unité nationale (UBP, droite nationaliste), favorable à une solution à deux Etats, devrait conserver son rang de première force politique au Parlement de Chypre-Nord, où elle occupe 21 sièges, devant le Parti turc républicain (CTP, gauche), favorable à un règlement avec les Chypriotes-grecs.

Le débat sur la résolution du conflit chypriote n’a pas émergé lors de la campagne, mais une partie des forces de gauche partisanes d’une solution fédérale ont appelé à boycotter le scrutin, le parti de Chypre unifié (BKP) estimant notamment que "rien ne changera" tant que la communauté chypriote turque ne sera pas "libérée du joug d’Ankara".

Depuis l’invasion du nord de Chypre par l’armée turque en 1974 en réaction à un coup d’Etat de nationalistes chypriotes grecs qui souhaitaient rattacher l’île méditerranéenne à la Grèce, la République de Chypre, membre de l’UE depuis 2004, est divisée en deux. Le gouvernement chypriote n’exerce son autorité que sur la partie sud de l’île, habitée en majorité par des Chypriotes-grecs.

La partie nord, où vivent principalement des Chypriotes turcs et colons turcs, a été autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN) en 1983, et ses autorités ne sont reconnues que par Ankara.

Les négociations sur un règlement du conflit sont au point mort depuis 2017.

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