Cyclisme

Eli Iserbyt en Coupe du Monde : une domination trop flatteuse ?

Iserbyt lors de sa victoire en Coupe du Monde à Flamanville le 16 janvier dernier.

© BELGA – DAVID STOCKMAN

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Par Alaric Dantine

Ce dimanche à Hoogerheide, aux Pays-Bas, Eli Iserbyt va remporter la Coupe du Monde de cyclo-cross pour la première fois de sa carrière. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le petit format belge y a mis la manière. Avec 110 points d’avance sur Michael Vanthourenhout, il égale actuellement le plus grand écart entre le vainqueur et son dauphin de la décennie. C’était lors du sacre de Mathieu Van der Poel en 2018 devant Wout van Aert.

Pour retrouver trace d’un écart encore plus important, il faut remonter à 2009. À l’époque, Sven Nys avait devancé Bart Wellens de 118 points. Ces statistiques flatteuses peuvent-elles permettre au coureur de 24 ans de s’asseoir sur la même selle que Nys, Van der Poel et van Aert ?

Un système de points différent

Soucieuse d’intégrer davantage de courses à son calendrier, l’UCI a changé son système de points lors de la saison 2020-2021. Exit les 80 unités promises au vainqueur de chaque manche, place à la moitié, soit 40 points par course. Dès lors, nous pourrions penser qu’il est plus difficile de creuser l’écart sur la concurrence. Pas vraiment. Dans l’ancien système, il y avait souvent maximum deux courses par mois. Maintenant certains mois culminent à cinq compétitions pour finir la saison avec un total de seize courses disputées (N.B. : 15 cette saison avec l’annulation de la manche à Anvers).

Ce changement a le don d’avantager les coureurs en forme, qui peuvent ainsi enchaîner plusieurs bonnes performances de rang. Et justement, Eli Iserbyt est coutumier du fait. Souvent bien en jambes en début de saison, le coureur de Pauwels-Bingoal en a profité pour rapidement augmenter son capital de points. Fin novembre, après huit courses, le coureur comptait déjà cinq bouquets et 79 points d’avance sur son dauphin de l’époque, Toon Aerts.

Une concurrence éparse

Faites le test autour de vous. À la question "Qui est le meilleur cyclo crossman cette année ?" rares sont ceux qui citeront Iserbyt. En revanche, les van Aert devraient pleuvoir, un peu comme ses succès lors d’une saison couronnée en beauté du côté de Middelkerke. Mais, le coureur de Jumbo-Visma n’a participé qu’à trois manches de la Coupe du Monde entre décembre et début janvier, pas assez pour inquiéter Eli Iserbyt. Autre géant des labourés, Van der Poel, blessé au dos, a écourté une saison déjà entamée plus tard. Enfin, si Tom Pidcock a lui été épargné par les blessures, le Britannique n’a commencé sa saison qu’en décembre avec un retard déjà trop conséquent sur Iserbyt.

Parler des coureurs absents pour expliquer la domination d’un leader. Un comble que seul le manque de régularité des coureurs présents peut offrir. Vanthourenhout, Aerts, Hermans et van der Haar tant de gars capables de lever les bras sur une manche mais sans aucune récidive derrière. Les deux premiers cités ont même semblé bien impuissants face à l’envie et au punch d’Iserbyt dimanche dernier à Flamanville.

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Sans paraître au-dessus du lot, le leader de la Coupe du Monde a ainsi souvent su prendre le meilleur sur ses rivaux les plus récurrents.

Un style propre

Eli Iserbyt fait partie de ces coureurs qui privilégient l’efficacité au risque. Avec sa grande amplitude dans les virages et une conduite prudente, il évite généralement les chutes. Comme lors de son succès à Besançon, où il a su profiter de la chute de Toon Aerts pour prendre la tête et aller lever les bras. Une prudence qui explique peut-être son relatif retrait lorsque les ténors de la discipline sont présents.

Wout van Aert pousse ses concurrents au rupteur. Ses adversaires n’ont d’autres choix que de prendre des risques pour espérer pouvoir le suivre. Et sur les huit victoires du coureur d’Herentals, Eli Iserbyt ne l’a accompagné que deux fois sur le podium.

Iserbyt semble donc en-deçà du niveau de Nys ou van Aert, du moins pour l’instant. Et s’il devra confirmer dans les années à venir lors des grands rendez-vous, il peut déjà se satisfaire du titre honorifique de "meilleur du reste". En attendant un titre du champion du monde qui le classerait définitivement dans une autre catégorie.

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