Le samedi, en marge des réjouissances populaires, c’est traditionnellement le jour des discours officiels aux Fêtes de Wallonie. Après le bourgmestre de Namur, Maxime Prévot (Les Engagés) le matin, le ministre-président du gouvernement wallon et le président du parlement régional ont pris la parole en fin d'après-midi au Théâtre royal.
"Les coups durs n’ont pas manqué, les raisons de s’inquiéter non plus". Sans surprise, Elio Di Rupo (PS) a d'abord rappelé les différentes crises traversées par la Wallonie depuis le début de la législature. "Malgré les épreuves, la Wallonie résiste et prépare l’avenir avec confiance. La Wallonie est résiliente", a ajouté le chef du gouvernement régional, donnant le ton général de son allocution. "Tout cela – les catastrophes naturelles, la guerre en Europe et la crise économique – aurait pu nous mettre à genoux. Eh bien non ! […] Quoi qu’il advienne, la Wallonie a résisté et résistera encore à tous les chocs. Elle a ainsi prouvé sa détermination et qu’elle était tout sauf une petite région vulnérable".
Plus surprenant, Elio Di Rupo s’est voulu plus que rassurant sur l’état des finances régionales, qui ont pourtant fortement plongé ces dernières années : "Vulnérable, la Wallonie ne l’est pas non plus. Le meilleur témoin de cette solidité, ce sont ses finances publiques maîtrisées […] Si nos finances sont restées maîtrisées, c’est parce que nos dépenses récurrentes sont restées sous contrôle. La trajectoire des déficits des dépenses courantes, qui doit nous amener à l’équilibre budgétaire en 2024, est respectée. Quant à la dette résultant de ces circonstances exceptionnelles, elle reste soutenable pour le budget wallon".
L’optimisme du ministre-président est notamment alimenté par les perspectives qu’offre le Plan de relance adopté récemment, "qui va permettre à la Wallonie d’effectuer un bond en avant".
"Tout est en place pour donner à la Wallonie l’élan nécessaire à sa réussite future (...) L’actuelle dynamique gouvernementale va ainsi permettre à la Wallonie de devenir une Région de référence", a-t-il encore assuré.
Enfin, Elio Di Rupo a également appelé de ses voeux le développement d'un sentiment identitaire en Wallonie. "Nos amis néerlandophones se sentent naturellement flamands. En Région bruxelloise, les citoyens, quelle que soit leur langue ou leur origine, sont fiers d’appartenir à la capitale de l’Europe. Chez nous, en Wallonie, ce sentiment d’appartenance est encore trop timide", a-t-il regretté.
Régionaliser l'enseignement
Le président du Parlement de Wallonie a lui aussi évoqué les "turbulences importantes" de ces dernières années - la crise sanitaire, la guerre, les inondations de l’an dernier et la sécheresse de cet été – et leurs conséquences.
"L’explosion du coût de l’énergie, les difficultés d’approvisionnement en matières et matériaux ont alimenté le retour de l’inflation et plongé la population, et d’abord et avant tout, la partie la plus fragile de la population mais pas seulement, dans des difficultés bien souvent inextricables. Avec la pauvreté qui s’étend insidieusement, insupportablement. Avec le sentiment d’abandon, de relégation chez celles et ceux qui n’y arrivent plus", a déploré Jean-Claude Marcourt (PS).
La Région étant elle-même dans une situation budgétaire "difficile", le président de l’assemblée régionale a appelé la Wallonie et ses citoyens "à saisir les leviers sur lesquels ils ont prise et à construire un avenir collectif nourri de résilience, d’enthousiasme, d’opiniâtreté. Et de solidarité .
Régionaliste convaincu, le Liégeois a profité de cette tribune pour plaider une fois encore pour une régionalisation de l’enseignement. "Va-t-on continuer à nous enfouir la tête dans le sable ou à tourner la tête et regarder ailleurs parce qu’aborder ce sujet essentiel pourrait conduire à mettre à mal l’institution qui en a la compétence ? Au moment où notre région souffre de métiers en pénurie, personne ne comprendrait que l’articulation entre enseignement et formation professionnelle voire les mécanismes de remédiation ne soient pas mieux articulés. Il est essentiel de rendre les filières techniques attractives !"
Attaché lui aussi au développement d’une véritable identité wallonne, Jean-Claude Marcourt a également proposé de trouver une nouvelle date pour célébrer la Région. "Ainsi, doit-on pouvoir fêter la Wallonie en tant que telle et non pas en référence à une révolution brabançonne qui ne correspond ni à son histoire, ni à son aspiration […] C’est pourquoi je propose que nous posions un acte d’appartenance collective fort par l’adoption d’une date à laquelle, de Mouscron aux Fourons, d’Arlon à Nivelles, toutes celles et tous ceux qui vivent en Wallonie pourraient fêter celle-ci et en être fiers", a conclu le président de Parlement wallon.