Fanta avait 8 ans. Même pas un petit bout de femme. Un petit bout de fille. Ce jour-là, elle ignorait tout de ce qui allait être arraché son corps, à sa vie : "Je n’étais pas au courant de ce qui se passait réellement et quand je suis arrivée, j’ai vu trois vieilles dames, plus celle qui m’a excisée. Ça fait quatre. Elles m’ont mise par terre, m’ont écarté les jambes. Jusqu’à aujourd’hui, je vois ce film devant moi. Ils m’ont excisée. J’ai beaucoup, beaucoup souffert. J’ai failli y laisser la vie, vraiment. Et jusqu’à aujourd’hui, j’ai encore le film, le traumatisme, les séquelles en moi."
Fanta Cissé vit en Belgique. Elle a fui son pays, la Guinée, parce qu’elle était aussi contrainte à un mariage forcé. Elle est arrivée seule dans notre pays et a été aidée par le GAMS, le Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles. Comme Fanta, la Belgique compte plus de 23.000 filles et femmes ayant subi une mutilation génitale. Certaines d’entre elles franchissent le pas : elles consultent l’un des deux centres multidisciplinaires hospitaliers belges, qu’il s’agisse du centre CeMAVIE au CHU Saint-Pierre à Bruxelles ou de la VrouwenKliniek à l’UZGent. Ces deux centres sont accrédités par l’INAMI et permettent d’offrir des soins médicaux, chirurgicaux, sexologiques et psychologiques complètement remboursés par la mutuelle, y compris la reconstruction du clitoris.