Elly Schlein se dresse contre Giorgia Meloni et défend "un leadership féministe"

C’est justement ce renouveau que la députée veut insuffler dans le Parti démocrate qui assiste, démuni, à la fuite de ses électeur·trices. Elle-même l’avait quitté en 2015, du fait de désaccords avec le leader de l’époque Matteo Renzi, notamment sur la libéralisation du marché du travail. La défaite du parti aux élections parlementaires de septembre 2022 et la démission du secrétaire sortant Enrico Letta l’ont finalement convaincue à faire son retour.

Elly Schlein veut profiter de cette nouvelle ère pour replacer le parti à gauche de l’échiquier. Elle a donc axé toute sa campagne sur les questions migratoires, l’écologie, les inégalités ou encore la précarité. Avec ces thématiques, "elle est concrètement en faveur des femmes qui sont les plus précaires et les plus pénalisées", notamment dans le monde du travail, souligne Maura Cossutta.

Selon un rapport publié en mars 2023, près de 28% des Italiennes ont un emploi précaire contre 16,5% des hommes et 17% occupent un temps partiel involontaire, contre 6% des hommes.

Pour Maura Cossutta, Elly Schlein incarne un féminisme intersectionnel, c’est-à-dire qui intègre à la fois les questions raciales, de classe et de genre. "Les différents niveaux de discrimination ne s’annulent pas les uns les autres, mais s’additionnent", insistait Elly Schlein dans une interview accordée à la revue Le Grand Continent, en décembre 2020.

"Je m’attends à ce qu’elle ait un regard genré sur toutes les politiques", abonde Giorgia Serughetti. Comme en matière de migration, son thème de prédilection lorsqu’elle était eurodéputée, entre 2014 et 2019.

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Un sujet pour lequel elle n’a d’ailleurs jamais cessé de monter au front. Comme ce soir d’hiver 2020, où, à la sortie d’un restaurant bolonais, elle interroge Matteo Salvini, chef du parti d’extrême droite La Ligue, sur ses absences aux réunions européennes sur la réforme du règlement de Dublin, qui régit l’accueil des réfugiées et dont elle réclamait le remplacement par un système plus solidaire. Ou encore lorsqu’elle réclame la démission du ministre de l’Intérieur italien après le naufrage survenu au petit matin du 26 février au large des côtes de la Calabre, provoquant la mort d’au moins 67 personnes migrantes.

Une pugnacité qui n’a pas échappé à Giorgia Meloni, qui au lendemain de l’élection d’Elly Schlein disait déjà s’attendre "à une opposition féroce".

Avec un père politologue américain, une mère italienne professeure de droit et un grand-père figure du socialisme italien, Elly Schlein – de ses vrais prénoms Elena Ethel, hérités de ses grands-mères – a la politique dans le sang. Même si plus jeune, elle rêvait de travailler pour le grand écran. En 2008, après avoir quitté sa Suisse natale pour faire ses études de droits à Bologne, elle s’envole brièvement vers les Etats-Unis pour participer à la campagne de Barack Obama.

Je m’attends à ce qu’elle ait un regard genré sur toutes les politiques

Ce passé et sa famille, Elly Schlein ira jusqu’à les raconter dans un livre (La nostra parte), publié en 2022. En revanche, elle est plus réservée sur sa vie privée. Interrogée à ce sujet sur un plateau télé en 2020, elle y évoque pour la première fois publiquement de sa bisexualité.

Deux ans plus tard, en meeting à Rome, elle s’exclamait : "Je suis une femme, j’aime une autre femme, je ne suis pas mère et je ne suis pas moins femme pour autant". Détournant le discours prononcé en 2019 par Giorgia Meloni contre ce qu’elle appelle "le lobby LGBT" et dans lequel elle se targuait d’être "femme, mère, italienne et chrétienne". Elly Schlein est "l’exemple d’une liberté revendiquée et reconnue", commente Maura Cossutta qui finit par conclure : "C’est une nouveauté, un espoir".