La politique attire de moins en moins et ceux qui la pratiquent songent souvent à s’en retirer. Cela ne constitue pas la majorité mais le phénomène prend forme. L’Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW) a tenté d’objectiver cette situation mais celle-ci dépasse le seul cadre wallon. La France connaît un contexte similaire. En France, quatre à cinq cents maires démissionnent chaque année.
Chez nous des élus fédéraux ou régionaux ont déjà annoncé leur mise en retrait. Plus généralement, les démocraties où le vote n’est pas obligatoire connaissent une désaffection de plus en plus grande lors des élections. Ce phénomène-là touche essentiellement les jeunes générations.
Le blues du bourgmestre
Tous les politiques qui ont exercé diverses fonctions vous le diront : celle de bourgmestre reste la plus attachante, la plus concrète, celle où il est possible de mener des actions de la conception à la réalisation concrète avec un véritable contact avec ses " administrés ". Revers de la médaille : c’est aussi la fonction où l’élu est le plus exposé, au sens premier.
L’enquête menée par l’UVCW montre ainsi que seuls 61% des bourgmestres, échevins ou présidents de CPAS wallons comptent briguer un nouveau mandat lors des élections locales du 13 octobre 2024.
Un mandat local (sauf dans les grandes villes) ne suffit pas pour vivre ; il constitue pour la plupart une activité complémentaire, pas très bien payée. Pourtant, seuls 17% invoquent la faiblesse de la rémunération.
Le manque de considération, la violence (verbale mais surtout via les réseaux sociaux), la surcharge de travail constituent les principaux éléments de la démotivation.
À ce prix-là, cela ne fait plus envie de consacrer du temps pour la collectivité.
Responsabilités
Le mandataire local se retrouve très régulièrement entre le marteau et l’enclume, entre le pouvoir de tutelle et l’électeur.
Les gouvernements fédéraux successifs se sont ainsi beaucoup déchargés de leurs responsabilités sur les pouvoirs locaux. La crise Covid, de l’accueil des migrants, des réfugiés ukrainiens, de la sécurité, des pompiers, de la police, de l’aide sociale, etc. ont souvent été transférés sur le dos des communes, sans en donner les réels moyens.
De l’autre côté, le citoyen est devenu de plus en plus exigeant, réclamant des réponses immédiates, le tout nourri par un rejet de plus en plus vigoureux de tout ce qui touche au politique. L’embellie sondagière des partis populistes conforte cette tendance.
Mais au-delà, c’est toute la démocratie qui se voit menacée. La commune reste pourtant l’échelon politique en qui le citoyen gardait le plus de confiance. C’est dire l’ampleur de la menace démocratique que les urnes de 2024 risquent de nous délivrer.