Embrassades, dîners, voyages… Ces petites entorses aux règles covid qui peuvent coûter cher aux politiques

Le prince Joachim de Belgique, la Première ministre norvégienne Erna Solberg, et le ministre de la santé britannique Matt Hancock (de gauche à droite).

© Fotor

Petit baiser, lourdes conséquences. Ce samedi, le ministre britannique de la Santé, Matt Hancock, a annoncé sa démission pour avoir enfreint les règles mises en place face à la pandémie de Covid-19 au Royaume-Uni. La veille, le tabloïde The Sun avait en effet publié une photo montrant le ministre embrasser sa conseillère, au mois de mai.

Un geste qui a fait scandale, non seulement parce qu’il révélait une liaison hors mariage pour Matt Hancock, mais aussi parce que les consignes britanniques de l’époque interdisaient formellement les accolades et embrassades. "Nous nous devons d’être honnêtes envers les gens qui ont tant sacrifié pendant cette pandémie, quand nous les avons déçus comme je l’ai fait en enfreignant les consignes", a écrit Matt Hancock dans sa lettre de démission remise au Premier ministre Boris Johnson.

Ce n’est pas la première fois qu’un responsable politique enfreint manifestement les règles Covid dans son pays, ce qui crée des remous au sein de la population et force parfois, comme pour Matt Hancock, à la démission du principal intéressé.

Le Commissaire européen au commerce Phil Hogan, épinglé pour un dîner en Irlande.
Le Commissaire européen au commerce Phil Hogan, épinglé pour un dîner en Irlande. © AFP or licensors

Des dîners qui font tache…

En Irlande, c’est un dîner au club de golf du Parlement en août dernier qui avait éclaboussé plusieurs responsables, comme le ministre de l’Agriculture Dara Calleary, qui était en poste depuis un mois seulement. Dans un hôtel de la ville de Clifden, près de Galway, le ministre avait notamment soupé avec le commissaire européen au Commerce Phil Hogan.


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A l’époque, l’Irlande faisait face à une recrudescence des contaminations : la jauge des réunions à l’intérieur était passée de 50 à 6 personnes maximum. "Cet événement n’aurait pas dû avoir lieu de cette manière vu les décisions annoncées par le gouvernement", avait alors rappelé le Premier ministre irlandais, Michéal Martin, après avoir accepté la démission de son ministre de l’Agriculture. Dans la foulée, le commissaire Phil Hogan avait lui aussi démissionné.

La Première ministre norvégienne Erna Solberg n’a pas respecté les mesures sanitaires avec sa famille.
La Première ministre norvégienne Erna Solberg n’a pas respecté les mesures sanitaires avec sa famille. © Copyright 2019, dpa (www.dpa.de). Alle Rechte vorbehalten

En Norvège, c’est la Première ministre elle-même qui avait été au cœur d’une enquête en mars 2021. La télévision publique avait révélé qu’Erna Solberg et sa famille s’étaient réunies pour fêter son anniversaire fin février, sans respecter les recommandations sanitaires. "Je m’excuse que ma famille et moi ayons enfreint les règles anti-Covid, ça n’aurait jamais dû se produire, avait écrit la cheffe du gouvernement sur Facebook. Je pense particulièrement à tous ceux qui ont dû annuler des choses dont ils se réjouissaient, un anniversaire avec des camarades de classe, une fête avec des amis ou quelque chose d’autre d’important. Je comprends ceux qui sont en colère et déçus à cause de cela." Les membres de la famille avaient dîné dans un restaurant à plus de dix personnes, ce qui était interdit.


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C’est également une affaire de dîners, clandestins cette fois, qui avait créé la polémique en France. Au mois d’avril, la chaîne M6 révélait dans un reportage que des repas étaient servis dans le plus grand secret au Palais Vivienne, un restaurant huppé de Paris, alors que l’Horeca était encore fermé. Selon des témoignages, des ministres auraient participé à ces dîners, sans respecter la distanciation sociale ou le port du masque. Pierre-Yves Chalençon, le propriétaire du restaurant, avait même affirmé que le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal y avait été invité. Il s’était ensuite rétracté.

Pierre-Jean Chalençon, le propriétaire du Palais Vivienne, où des dîners clandestins ont eu lieu à Paris, impliquant peut-être des ministres.
Pierre-Jean Chalençon, le propriétaire du Palais Vivienne, où des dîners clandestins ont eu lieu à Paris, impliquant peut-être des ministres. © AFP or licensors

Des vacances qui fâchent…

En décembre 2020, le ministre des Finances de l’Ontario au Canada avait fait la Une des journaux. Rod Phillips était en effet en vacances sur l’île française de Saint-Barthélémy, dans les Caraïbes… alors que le gouvernement canadien déconseillait vivement tout voyage non-essentiel à l’étranger, depuis le début de la pandémie en mars 2020.

Le ministre s’était défendu en expliquant qu’il avait pris ses vacances avant la décision de reconfiner le pays, mais cela n’avait pas suffi à éteindre l’affaire. Le Premier ministre de l’Ontario Doug Ford avait sommé son ministre de revenir au pays. "Voyager pendant les Fêtes n’était pas la bonne décision, et je présente mes excuses sans réserve", avait déclaré Rod Phillips, avant de démissionner le 31 décembre. Le ministre est loin d’être le seul à avoir été rattrapé pour avoir voyagé pendant les fêtes de fin d’année : en avril dernier, le Huffington Post québécois publiait une liste d’une dizaine de responsables politiques.


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Une autre affaire a cette fois fait polémique en Espagne… et en Belgique. Le prince Joachim, fils de la princesse Astrid, a été testé positif en mai 2020, après un voyage en Espagne. Il avait participé à une fête privée à Cordoue, avec des amis et des membres de sa famille. Mais alors que la loi autorisait les rassemblements de moins de 15 personnes, le journal El Confidencial rapportait que 27 personnes étaient présentes à cette fête, soit douze de trop. Le prince avait présenté ses excuses et payé une amende de 5200 euros au mois de juillet.

Le prince Joachim de Belgique a été testé positif après avoir été à une fête en Espagne.
Le prince Joachim de Belgique a été testé positif après avoir été à une fête en Espagne. © BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE

En Belgique toujours, c’est un président de parti qui avait fait parlé de lui en février 2021. Alors que le Comité de concertation établissait une bulle sanitaire d’une personne seulement, le coprésident d’Ecolo Jean-Marc Nollet avait avoué qu’il ne la respectait plus. "Au début, oui, je respectais la bulle, mais depuis quelques semaines, je m’autorise à accueillir deux personnes, un couple", déclarait-il sur la Première. Le Premier ministre Alexander De Croo, et la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden, avaient alors rappelé que "les règles s’appliquent à tous".

… et des privilèges vaccinaux qui ne passent pas

Enfin, il y a les ministres et députés qui profitent de leur statut pour se faire vacciner secrètement plus vite. Le scandale a notamment éclaté au Pérou. En février, un quotidien local révélait que l’ancien président Martin Vizcarra avait été vacciné en octobre, avant même l’ouverture de la vaccination. Cela a entraîné la démission de la ministre de la Santé, puis de la ministre des Affaires étrangères, qui a également reconnu s’être fait vacciner en janvier, avant les populations prioritaires.

L’ancien président péruvien Martin Vizcarra s’est fait vacciner en secret alors que la campagne n’était pas encore lancée dans le pays.
L’ancien président péruvien Martin Vizcarra s’est fait vacciner en secret alors que la campagne n’était pas encore lancée dans le pays. © AFP or licensors

En Argentine, l’affaire des 'vaccins VIP' a fait grand bruit en février. Certaines personnalités, comme le journaliste Hecoracio Verbitsky, avaient avoué qu’ils s’étaient fait vacciner au ministère de la santé, grâce à son ami Ginés Gonzalez Garcia, le ministre. Ce dernier a démissionné sur demande du président.


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En Espagne, plusieurs personnes se sont fait vacciner en secret avant que leur tour n’arrive, comme des militaires, des évêques et surtout la ministre régionale de la Santé de Murcie, dans le sud du pays. En Pologne, un eurodéputé a également pu se faire vacciner en priorité.

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