Les avocats des dizaines de gendarmes et policiers victimes de tirs d'armes à feu lors des émeutes à la mort d'Adama Traoré ont dénoncé mardi dans leurs plaidoiries devant la cour d'assises du Val-d'Oise la "loi du silence" du quartier.
Cinq personnes dont Bagui Traoré, frère d'Adama et donneur d'ordres présumé, comparaissent depuis deux semaines à Pontoise en lien avec des tirs sur les forces de l'ordre lors des violences urbaines dans les communes de Persan et Beaumont-sur-Oise au cours des nuits qui ont suivi la mort du jeune homme noir de 24 ans, le 19 juillet 2016.
Enquête difficile
Durant l'enquête puis à l'audience, au cours de laquelle une grande partie des faits reprochés ont été niés, "vous vous heurtez à la loi du quartier et il y a une vérité dans ces quartiers : la loi du silence", a lancé à l'adresse de la cour Me Laurent-Franck Liénard, un des avocats des quelque 90 parties civiles.
"La peur, la pression, les représailles" ont rendu l'enquête "si difficile", a abondé son confrère Me Rodolphe Bosselut, obligeant par là l'accusation à dépendre largement d'interceptions téléphoniques.
Quatre hommes sont jugés depuis le 21 juin par la cour d'assises présidée par l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic pour tentative de meurtre en bande organisée. Une femme, la compagne de Bagui Traoré à l'époque, comparaît pour complicité et subornation de témoin. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Intention de tuer ?
L'intention ou non de tuer des tireurs présumés est l'une des questions cruciales de l'audience, sur laquelle les avocats des parties civiles sont longuement revenus mardi matin. Pour ces plaidoiries, les gendarmes étaient présents en nombre dans la salle, contrastant avec le spectacle des rangs clairsemés du côté des proches des accusés.
"Ces nuits-là, on a tiré délibérément sur des gendarmes et des policiers avec des armes à feu avec l'intention de les tuer, ni plus ni moins", a dénoncé M. Bosselut. "Tous ont indiqué que les tirs étaient à hauteur d'homme", a renchéri Me Cécile Chambeslin, autre conseil des militaires.
Le ministère public prend ses réquisitions mardi après-midi, avant les plaidoiries de la défense mercredi. Le verdict est attendu vendredi.