Coupe du Monde 2022

Emiliano Martinez, talent, excès & retour de karma

© AFP or licensors

Entre ses perches, Emiliano Martinez est du genre affamé. Jamais rassasié, prêt à se sacrifier sur le moindre ballon qui traîne. À mettre la tête là où d’autres n’oseraient pas mettre les pieds. Il l’a prouvé et re-prouvé tout au long de cette Coupe du monde.

En public, Emiliano Martinez est du genre extravagant. Tchatcheur, provocateur, sorte de showman autoproclamé qui adore flirter avec les limites du politiquement correct. Il l’a prouvé et re-prouvé tout au long de cette Coupe du monde.

Au final, Emiliano Martinez est une drôle de bête qui détonne méchamment dans le paysage parfois (trop) aseptisé du football mondial. Sa double casquette de bon gardien un peu timbré, il la cultive depuis quelques années maintenant. Quitte à se mettre du monde à dos.

Pourtant, vous en conviendrez sans doute avec nous, Emi Martinez était resté plutôt sage pendant les poules du Mondial 2022. Sentait-il qu’il devait garder le meilleur pour la fin ? Peut-être. N’avait-il pas encore de grande gueule à sa hauteur à qui se confronter ? Sans doute aussi.

Les quarts de finale : le début du "show" Martinez

Ce n’est qu’à partir des quarts que Martinez montre toute l’étendue de sa panoplie. Logique, l’Argentine est empêtrée dans une périlleuse séance de tirs au but contre les Pays-Bas et le momentum est dans le camp de l’adversaire. Bouche grande ouverte, regard de prédateur, Martinez entre alors en scène. Les tirs au but, c’est son moment à lui. Son défi préféré.

Mais d’abord, il faut haranguer ses propres troupes. Recharger des batteries usées par une longue bataille. Torse contre torse avec Leo Messi, grands gestes vers la foule pour électriser ses propres supporters, Martinez sait y faire. Ne reste alors plus qu’à rentrer dans la tête de l’adversaire et s’immiscer dans le moindre pore de son subconscient.

Virgil Van Dijk et Steven Berghuis craquent d’entrée et se heurtent à un tentaculaire Martinez. Scénario presque couru d’avance. Derrière, les Pays-Bas partent de trop loin et s’inclinent. Torse bombé, gueule ouverte dans un rictus presque flippant, Martinez exulte. Puis il s’agenouille et embrasse le gazon. Toute la pression retombe…

4 tirs au but ratés en deux séances : Martinez et son côté pile

…. jusqu’à cette étouffante séance de tirs au but huit jours plus tard. La 2e du tournoi pour l’Argentine. En finale, cette fois-ci. Tout le monde est K.O debout, étouffé par le scénario lunaire d’une finale déjà entrée dans la légende.

Tout le monde, sauf Martinez. Mais pour une fois, pas d’excès de zèle. Il est dans sa bulle. Fin prêt à faire tomber ce redoutable Kylian Mbappé de son piédestal. Et d’offrir à son pays le plus beau des trophées. Pour lui, pour Lionel Messi, pour son Argentine.

Pour la 3e fois du match, son rival d’un soir se présente face à lui. Et comme lors des deux premiers affrontements, Mbappé ne tremble pas. Il plante son 3e pénalty du match et laisse Martinez à ses regrets.

Mais les deux tireurs français qui suivent ont moins d’expérience. Ou peut-être plus tendance à flancher qu’un Mbappé en mission. Martinez le sait. Ses gestes d’intimidation deviennent plus menaçants. Kingsley Coman est le premier à craquer. Bien vite suivi par Aurélien Tchouaméni. Les deux héros malheureux des Bleus, ce sont eux. "Je savais qu’ils étaient nerveux et qu’ils allaient tout gâcher" confiera Martinez avec son fair-play légendaire par la suite. L’Argentine est championne du monde, guidée par Messi, sauvée par son gardien.

De débordement en débordement : le côté face de Martinez explose

Sauf que le côté chambreur de Martinez reprend (trop) vite le dessus. Le côté face d’une bête de scène aveuglée par le sacre d’une vie. Sur le podium, le portier craque complètement et mime un geste obscène avec la Coupe sous le regard atterré d’un des officiers qataris. Un cliché déjà devenu (tristement) culte. Dans les vestiaires, il se moque d’Mbappé, demandant à ses coéquipiers d’observer une minute de silence, évidemment ironique, pour le Français.

Quelques jours plus tard, rebelote. De retour au pays, trônant fièrement sur le toit du bus argentin lors des célébrations, torse nu et lunettes de soleil vissées sur le nez, Martinez exhibe une poupée à l’effigie d’un Kylian Mbappé en larmes.

Sans doute les quelques dérapages de trop. Ceux qui font en tout cas passer Martinez du côté obscur de la force. Alors que la majorité des supporters trouvait son comportement bon enfant jusque-là, quasiment tout le monde commence à lui tourner le dos.

Même Unai Emery, son coach à Aston Villa. Certains médias espagnols évoquent même le fait que le coach des Villains veuille purement et simplement se débarrasser du gardien dont le caractère est jugé trop "difficile" à gérer. La rumeur n’a cessé d’enfler depuis quelques jours au point d’en devenir très sérieuse. Un juste retour de karma pour un gardien qui s’est sans doute vu pousser des ailes beaucoup trop vite. Quitte à brutalement retomber sur terre…

Argentine - France

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