Economie

Emploi : le secteur du verre doit-il encore avoir un avenir en Wallonie ?

Par P.V. avec La Première

Ce jeudi, le gouvernement wallon rencontrait la direction d’AGC, l’entreprise spécialisée dans le verre, qui a annoncé la fermeture de son site de production de pare-brise à Fleurus d’ici 2023. Une rencontre qui avait pour but de maintenir les 187 emplois menacés, selon Maxime Paquay, journaliste à l’Echo. "L’urgence politique, la ligne directrice est là, maintenir l’activité et l’emploi, quitte à s’acharner pour trouver un fameux repreneur", rappelait-il ce vendredi matin dans La Minute Eco sur La Première.

Une stratégie classique, mais pas toujours pertinente, estime le journaliste. "Parfois, quand on désespère vraiment pour trouver un repreneur, c’est qu’il n’y a tout simplement plus d’entrepreneurs", note-t-il. "Ce syndrome de la recherche désespérée d’un repreneur d’activité déclinante touche la Wallonie de manière générale depuis bien trop longtemps. Un repreneur qui parfois vient, parfois pas, un repreneur qui marche un temps, et une activité qui disparaît malgré tout."

Faut-il alors s’acharner à tout prix pour maintenir l’activité verrière sur le sol wallon ? Après la fermeture de Saint-Gobain (en 2013), Durobor (en 2019) et maintenant AGC, force est de constater que la chute du secteur du verre en rappelle d’autres, comme la sidérurgie il y a quelques décennies. Un déclin sidérurgique que "les pouvoirs publics avaient tenté de freiner à coups de milliards sans que rien n’y fasse", rappelle Maxime Paquay : "Même portée à bout de bras, l’activité était condamnée à se réduire, progressivement, à peau de chagrin aujourd’hui."

Que faire alors pour ces emplois ? Baisser les bras ? "Certainement pas, mais nous ne sommes plus aujourd’hui dans une période de chômage de masse", affirme le journaliste, qui rappelle que plusieurs secteurs porteurs en Wallonie cherchent de la main-d’œuvre : biotechs, aéronautique… "Le vrai drame wallon aujourd’hui, c’est que des entreprises prometteuses sont incapables de se développer, faute d’ouvriers ou d’employés disponibles", regrette-t-il.

Est-ce à dire qu’un travailleur du verre peut se transformer rapidement en travailleur de biotechnologies ? Pour Maxime Paquay, c’est loin d’être illusoire : "je crois que la meilleure reconnaissance qu’on puisse accorder à un ouvrier du verre, c’est de lui faire confiance, de le former ou de le reformer et de lui proposer ensuite autre chose, quelque chose d’enthousiasmant", remarque le journaliste. Il rappelle que lors du licenciement collectif chez Caterpillar, un grand nombre d’ouvriers avaient été reconvertis vers le secteur de la chimie notamment.

Reste que les pouvoirs publics ont tout de même dépensé 50 millions d’euros en recherche et développement chez AGC… Une innovation perdue ? "Au rayon calculs et en termes d’argent perdu, on ferait sans doute mieux de s’indigner du sous-financement chronique de nos universités et de la recherche, parce que c’est ça qui peut créer, si c’est correctement financé, les conditions d’une économie qui fonctionne à long terme", affirme Maxime Paquay.

Pour le journaliste, "l’émotion mal placée" entretenue politiquement et médiatiquement autour des licenciements collectifs, mène les bancs syndical et patronal vers des positions qui ne mènent à rien et une lutte de slogans : "Faire plier les multinationales" contre "faire baisser le coût du travail à tout prix". "Ni l’un ni l’autre ne nous permettront de sortir par le haut du défi qui nous attend, c’est-à-dire justifier dans des secteurs porteurs des emplois qui sont correctement rémunérés", conclut Maxime Paquay. Quitte à tourner définitivement la page de certains secteurs, et arrêter de tenter de sauver coûte que coûte des emplois voués à disparaître.

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