L’autosuffisance alimentaire serait effective en 2050 au niveau Européen et s’opérerait de surcroît sans le recours aux engrais azotés, c’est ce que démontre cette étude scientifique, publiée sur One Earth, à laquelle a participé Gilles Billen, Directeur de Recherche CNRS.
Ce nouveau modèle d’agriculture s’appuierait sur une approche globale bio et locale. Elle impliquerait des exploitations à taille humaine qui associeraient culture et élevage et qui n'utiliseraient plus d'engrais de synthèse.
Ce nouveau schéma d’agriculture s’appuie sur quatre leviers principaux.
1. Un changement radical du régime alimentaire
Cette nouvelle approche préconise un changement drastique des habitudes alimentaires de la population. Comme le relate reporterre.net, les Européens consommeraient en moyenne deux tiers de protéines animales et un tiers de protéines végétales ce qui explique les 80% de la production agricole dédiée à l’alimentation du bétail.
Selon les chercheurs, une population estimée à dix milliards de personnes pourrait être nourrie sans engrais de synthèse en 2050 à partir du moment où le régime alimentaire serait composé de moins de 40% de protéines animales.
Ce nouveau plan nutritionnel basé sur la consommation de céréales et de légumes impacte favorablement le rendement agricole en s’émancipant de la chaîne de production intensive.
2. La synergie culture et élevage
Dans ce point, le premier axe consiste à opérer un retour à la polyculture, une tendance de plus en plus mise en avant pour permettre une agriculture plus saine. Il faudrait également s’émanciper de l’importation de soja qui a un impact direct sur la déforestation en Amérique latine, comme mentionné sur reporterre.net.
La seconde priorité réside dans la réintégration des élevages à proximité des terres agricoles. La récupération des déjections animales permettrait leur recyclage pour la fertilisation des sols. On se libérerait ainsi du recours aux engrais de synthèse.
3. La rotation des cultures
La pratique de la rotation des cultures est une technique adoptée par les agriculteurs labellisés bio. Elle vise l'enrichissement des terres de façon naturelle. L’agriculture monoculture productiviste est d’ailleurs considérée comme une voie sans issue et qui nous lie intrinsèquement aux engrais chimiques.
La diversification des cultures sur une parcelle de terre d’une année à l’autre peut également réduire la vulnérabilité des productions face aux attaques parasitaires. Encore une méthode naturelle qui évite le recours aux pesticides !
4. Le recyclage des déjections
Si la récupération des déjections animales est déjà utilisée pour fertiliser naturellement les terres, le recyclage de l'excréta humain pourrait aussi être une piste à prendre en compte. Cependant, le cahier des charges de l’agriculture biologique l'interdit pour le moment bien que recycler ces déchets permettrait de se détourner durablement des engrais de synthèse.
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Les scientifiques l’affirment, ce modèle global d’agriculture bio et locale permettra de nourrir la population européenne en 2050 et de se délester du recours nocif aux engrais de synthèse.
Un avenir prometteur à l’échelle européenne, à l’horizon 2050.