Biodiversité

En Amérique du Nord, la cohabitation avec les bernaches du Canada pose question

En Amérique du Nord, la cohabitation avec les bernaches du Canada pose question.

© La_Corivo

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Par RTBF avec ETX

Personne ne s’étonne de la présence en ville d’animaux tels que les rats et les pigeons. Mais celle des bernaches du Canada est beaucoup plus problématique en Amérique du Nord. Les riverains essaient souvent de les fuir en utilisant la manière forte mais des scientifiques nord-américains affirment que cette méthode est contre-productive.

Sédentarisées, elles ont envahi les banlieues tranquilles

Une équipe de chercheurs dirigée par Ryan J. Askren de l’université de l’Illinois s’est récemment penchée sur l’attitude à adopter face aux bernaches du Canada. Ces oiseaux bruyants à la tête noire et blanche sont de plus en plus nombreux en Amérique du Nord. Ils étaient environ un million à avoir élu domicile dans cette région du monde dans les années 1950. Ils seraient aujourd’hui sept millions, selon les estimations du Service canadien de la faune.

Les autorités locales peinent à réguler leur population, surtout maintenant que les bernaches se sédentarisent. Si ces volatiles migrent vers le Sud en automne, certains se laissent séduire par la tranquillité des banlieues nord-américaines et décident de s’y établir… de façon permanente. Ainsi, 60% des bernaches originaires des États-Unis sont résidentes, d'après National Geographic

La cohabitation avec les humains n’est pas sans difficultés.

Beaucoup se plaignent qu’elles se réunissent en grand nombre dans les parcs, terrains de jeux et embarcadères.

Elles seraient aussi responsables de nombreux accidents de voiture et même d’avion. En 2009, le pilote du vol 1549 US Airways a été contraint de faire amerrir l'appareil sur le fleuve Hudson après qu’il est entré en collision avec une volée de bernaches du Canada.

Elles n'ont plus peur des hommes

Les riverains essaient de multiples méthodes pour essayer de déloger les volatiles : objets qui font du bruit, leurre radiocommandé ou tout simplement les prendre en chasse. Mais Ryan J. Askren et ses collègues affirment qu'il ne sert à rien de les harceler dans l’espoir de les faire fuir. "Elles semblent avoir compris que nous ne constituons pas une réelle menace mais seulement un léger désagrément", a-t-il expliqué à la revue New Scientist

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont équipé plusieurs spécimens résidents dans le parc Marquette, à Chicago, de traceurs GPS et de moniteurs d’activité. Ils ont ensuite observé leur comportement quand ils essayaient de les chasser du parc en marchant ou en conduisant près d’eux tout en tapant sur des planches de bois.

Comment les déloger ?

Les scientifiques ont remarqué que, si les bernaches ont pris la fuite, elles sont rapidement revenues dans le parc où elles ont élu domicile. Pire encore, elles y sont retournées deux fois plus vite les jours où les chercheurs tentaient de les déloger qu’à l’accoutumée. "Le harcèlement a entraîné des changements de comportement à court terme [...] qui n'ont pas permis d'atteindre les objectifs de gestion consistant à amener les individus à quitter la zone ou à éviter un endroit précis pendant plus de 48 heures", ont-ils conclu dans une étude récemment parue dans The Wildlife Society. 

Selon Ryan J. Askren, la meilleure façon de limiter les conflits avec les bernaches du Canada est de modifier l’aménagement des parcs et autres espaces verts afin de les rendre moins propices à leur installation. Les municipalités pourraient par exemple planter des herbes hautes ou des arbustes le long des rives pour que les oiseaux aient plus de mal à se déplacer entre l'eau et les pelouses, où elles aiment se réunir. Toutefois, le spécialiste soutient que les bernaches méritent notre admiration pour l’adaptation remarquable dont elles ont fait preuve en survivant dans des zones dominées par les humains.

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