Cette mesure a complètement bouleversé le travail de John Hornewer. Pour remplir son camion-citerne de 22.000 litres, il doit désormais conduire des heures durant afin de s'approvisionner ailleurs dans de multiples stations. "Nous sommes le premier domino à tomber et à vraiment ressentir les effets de la sécheresse", estime ce livreur d'eau, obligé de rationner certains clients. "Plus l'eau devient rare et précieuse, plus les villes et les autorités vont vouloir protéger la leur."
Après avoir doublé ses prix pour amortir le coût de l'essence et les heures supplémentaires, une question le taraude à l'approche de l'été : qui va-t-il devoir priver d'eau? Car avec l'augmentation mécanique de la demande pendant la saison aride, il n'aura plus assez de temps pour livrer tout le monde.
Ce scénario catastrophe a provoqué une affaire d'Etat en Arizona. Après de multiples pressions politiques, Scottsdale a proposé mi-février une solution d'urgence. La municipalité démocrate, qui continue d'arroser ses luxueux terrains de golf, pourrait acheter de l'eau supplémentaire et réautoriser les livraisons. A une condition : que le comté républicain, dont dépend Rio Verde Foothills, finance l'opération. Mais ce dernier a rejeté cette proposition et les négociations s'enlisent.
Temporaire, ce plan ne durerait que trois ans maximum. A long terme, Rio Verde Foothills devra se fournir autrement. Et là encore, c'est la guerre : les habitants se déchirent depuis des mois pour savoir s'ils doivent confier la gestion future de leur eau à une entreprise privée ou à une agence publique. Les propriétaires de puits du coin sont farouchement opposés à la seconde option car ils craignent de se faire exproprier.