Comme la couverture et le titre l’illustrent parfaitement, ces poèmes sont à la fois sombres et mélancoliques. En voulant dénoncer une société consumériste, en réglant ses comptes avec la violence des hommes, en prenant le parti des migrant·es et des destinées tragiques dues à la crise migratoire, Jacinthe Mazzocchetti transmet ses émotions à fleur de peau telles des fulgurances qui nous écorchent.
Il suffit de lire le si bien nommé Mer-Ogresse pour se prendre en plein visage les images fortes de ces hommes et femmes abandonné·es en mer.
Elle a faim
Des bambins et des vieilles
Qui se meurent vite
Des mères et des pères
Qui jusqu’au bout résistent
Et se noient
Leurs enfants
Dans les bras
La mer-ogresse a faim
En écorches, c’est aussi la douleur de la guerre, celles lointaines mais dont les échos nous parviennent et nous ébranlent. Jacinthe Mazzocchetti engage avec ses lecteurs et lectrices un pari, celui qui est de livrer son intimité avec une sincérité désarmante.
Quand les privilèges des uns sont dénoncés face à la pauvreté des autres, quand les mots dénoncent les injustices, il apparaît parfois que le fond prenne le pas sur la forme poétique qui en est légèrement oubliée.
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L’article de Camille Tonelli dans Le Carnet et les instants détaille ce point par cette explication : "Jacinthe Mazzocchetti donne parfois l’impression de produire une prose éclatée en vers plutôt que de purs vers libres où le langage s’éveille et se révèle."