Patrimoine

En Espagne, la restauration ratée d’une église romane provoque l’émoi

© Miguel Muñoz Carmona – Wikimedia Commons

On peut parler d’une mauvaise surprise. En se rendant dans la petite église de Santa María del Castillo, dans le village de Castronuño, en Castille-y-León, des fidèles ont découvert que de nombreuses fissures du bâtiment avaient été comblées avec du ciment.

L’église du 13e siècle, qui se tient aux bords du Douro, fameux fleuve ibérique connu pour ses vignes, est un petit joyau d’art roman tardif. Depuis fin novembre, elle est au centre de toutes les discussions dans la région, et même au-delà. L’édifice, fort abîmé, a été victime d’une "restauration" qui risque bien d’empirer les choses.

Le mortier utilisé sans vergogne pour tenter de maintenir les pierres branlantes de l’église est loin d’être idéal, puisqu’il risque de nuire à la stabilité de l’ensemble. Sans parler de ses composants qui peuvent attaquer la pierre ancienne. Une vraie catastrophe donc, pour ce morceau d’histoire locale.

Si elles n’ont été découvertes que récemment, et mise en lumière par des photos publiées sur les réseaux sociaux, il semble bien que les "réparations" aient été réalisées il y a déjà un moment. Pour le maire du village, interrogé par le journal El Español, c’est la preuve du manque d’intérêt dont le bâtiment, pourtant classé depuis 1962, a fait l’objet.

Il liste les autres défauts : humidité sur la toiture, fissures dans les murs, usure de la pierre et de la brique. Pour lui, les autorités régionales en charge du classement et l’archevêché doivent réagir et prendre en main la rénovation.

Loading...

L’Espagne semble décidément avoir un problème avec la sauvegarde de son héritage culturel. On se souvient de cette octogénaire qui, en 2012, avait saccagé une figure du Christ de Borja, et dont l’histoire avait fait le tour du monde. En 2020, c’était une copie d’un tableau de Murillo qui était défigurée dans les mains d’un artisan peu doué, ou encore le visage d’une statue de Palencia qui était transformé en quasi-pomme de terre.

Les ratages semblent légion, principalement à cause d’un manquement dans la législation espagnole, qui ne précise pas que des restaurations doivent être faites par des corps de métier professionnels. La porte est ainsi laissée grande ouverte à toutes et tous de s’improviser restaurateur de peintures, de sculptures, et maintenant d’églises. Les moyens alloués à préservation du patrimoine en Espagne sont, qui plus est, bien souvent dérisoires.

En Belgique, cependant, la situation n’est pas toujours mieux. Début de l’année, ce sont des œuvres de la collégiale Sainte-Waudru de Mons qui étaient saccagées par des ouvriers sans aucune qualification. Le manque de moyens empêche bien souvent les gestionnaires du patrimoine d’engager des professionnels et de réaliser les travaux nécessaires. L’Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA) a d’ailleurs lancé récemment une opération pour débloquer des fonds pour certaines pièces majeures de notre héritage culturel, le "Challenge Patrimoine".

Polémique autour de travaux de restauration à la Collégiale Sainte-Waudru de Mons

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous