Exposition - Musées

En France, des musées mettent en avant la nature et l'urgence climatique

Pierre Huyghe est l'un des artistes dont les œuvres sont mises à l'honneur dans la nouvelle saison d’expositions de la Bourse de Commerce de Paris.

Photographie Courtesy of Bourse du commerce Collection Pinault ©

Sensibiliser le grand public à l’urgence climatique est une préoccupation partagée par de nombreux musées français. Des curateurs se mobilisent autour des questions environnementales et conçoivent des expositions invitant les spectateurs à repenser leur relation au vivant.

La nouvelle saison d’expositions de la Bourse de Commerce de Paris s’inscrit dans cette démarche. Son nom : "Avant l’orage". Cette saison thématique est signée par Emma Lavigne, directrice générale de la collection Pinault, et Nicolas-Xavier Ferrand, chargé de recherche. Elle réunit des œuvres d’une vingtaine d’artistes où dominent les paysages instables. À travers les différentes expositions disséminées dans ses espaces, la Bourse du Commerce rassemble les contraires. L’obscurité et la lumière, le printemps et l’hiver, la pluie et le soleil, le jour et la nuit, mais aussi l’humain et le non-humain. 

La nature est au centre de l’installation inédite de Danh Vo qui investira la rotonde de la Bourse de commerce dès le 8 février. L’artiste danois entremêle les récits, intimes et historiques, dans un jardin sombre où cohabitent des champignons, des mousses, des fleurs ainsi que des troncs et des branches d’arbres victimes d’intempéries. Ces tronçons sont soutenus par des étais de bois provenant des forêts durables de Craig McNamara, le fils de l’ancien secrétaire américain de la Défense Robert McNamara. Ce dernier est le grand artisan de la guerre qui a conduit à l’exil de la famille vietnamienne de Vo au Danemark. 

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"Avant l’orage" invite aussi les visiteurs de la Bourse de Commerce à s’interroger sur le rapport de l’Homme à son environnement à travers des créations, emblématiques pour certaines, et inédites pour d’autres, du Franco-Marocain Hicham Berrada, de l’Américaine Diana Thater, du Français Pierre Huyghe, de la Sud-Africaine Dineo Seshee Bopape ou encore du Brésilien Lucas Arruda. 

Se défaire d'une vision anthropocentrique

Le Musée de Grenoble poursuit le même but à travers l’exposition "De la nature". Le directeur Guy Tosatto et la conservatrice en chef Sophie Bernard ont donné carte blanche aux artistes Giuseppe Penone, Philippe Cognée, Cristina Iglesias et Wolfgang Laib pour interroger la place de l’humain dans le vivant. Ils invitent tous à se départir d’une vision anthropocentrique et utilitariste pour adopter une approche plus empathique selon laquelle la nature est digne d’être contemplée et protégée

Ainsi, l’Italien Giuseppe Penone révèle les énergies qui traversent l’être humain et l’unissent de manière consubstantielle à son environnement à travers deux séries d’œuvres. "Gesti vegetali" est composée de sculptures en bronze, à mi-chemin entre la figure humaine et le végétal, tandis que "Verde del bosco" rassemble des paysages-empreintes d’arbres issus du frottement de végétaux sur toile. De son côté, l’Espagnole Cristina Iglesias a conçu une nouvelle chambre végétale pour l’exposition "De la nature". Cette sculpture monumentale plonge le public dans une grotte minérale et suintante d’humidité, qui évoque tant Mère Nature que l’architecture. Le Français Philippe Cognée a, lui, métamorphosé des fleurs, des forêts et des buissons de ronce en des compositions abstraites à la fois fascinantes et inquiétantes, tandis que l’Allemand Wolfgang Laib a installé un de ses fameux "carré de pollen" au Musée de Grenoble pour évoquer la beauté et la fragilité de nos écosystèmes.

La préservation de la biodiversité est aussi au cœur de la programmation du musée d’Art moderne et d’Art contemporain (MAMAC) de Nice. L’exposition "Devenir fleur" nous invite à porter un nouveau regard sur ces plantes, synonymes de fragilité et de renaissance dans l’inconscient collectif. Hélène Guenin, directrice du MAMAC, et Rébecca François, attachée de conservation de l’établissement, ont réuni une trentaine d’artistes visuels de différentes générations ayant tous observé, cité ou travaillé avec le végétal, dont l’Italienne Chiara Camoni, la Française Laurence Aëgerter, le Japonais ​​Tetsumi Kudo et l’Allemand Nils Udo. Leurs approches diverses et variées invitent les spectateurs à considérer les fleurs comme des êtres vivants à part entière, et non seulement comme des objets symboliques ou décoratifs. Un changement de paradigme qui nous permettrait collectivement de prendre conscience de leur importance, à l’heure où la flore sauvage est plus que jamais menacée. 

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